Le pire des scénarios ? « Plus de 2 500 morts et près de 200 000 sans-abri »
C’est « le scénario du pire ». Les trois inspecteurs généraux du ministère de la Transition écologique le reconnaissent. Mais leur rapport, « l’aléa sismique à Nice », publié en juillet en 2019, n’est pas si éloigné de la réalité.
Il se fonde sur l’hypothèse d’un séisme de la même intensité que celui qui a endeuillé la Riviera en 1887. Sauf que les trois auteurs ont décidé d’en déplacer l’épicentre. Au lieu de le situer en mer, quelque part entre Imperia et San Remo, comme cela s’était produit à l’époque, ils ont situé l’origine du tremblement de terre à Aspremont. Une hypothèse qui n’a rien de farfelue puisque cette commune de la Métropole niçoise se trouve sur des failles actives du département. Les rapporteurs rappellent d’ailleurs que si d’autres portions du territoire sont soumises à ce risque naturel, notamment les Pyrénées, « Nice est la seule agglomération de France métropolitaine de plus d’un million d’habitants exposée au niveau moyen d’aléa sismique ».
« La prévention d’un séisme à Nice est un enjeu national »
Les conséquences, humaines et matérielles, en seraient d’autant plus importantes. Et les conditions géologiques locales, avec des phénomènes d’amplification notamment dans les plaines alluvionnaires très urbanisées, ne feraient qu’aggraver les choses. Ce rapport estime sans détour que « la prévention d’un séisme à Nice est un enjeu national ». Il faut dire que sur la base de ce scénario du pire, « Il faudrait s’attendre à plus de 2 500 morts et près de 200 000 sans-abri ».
Pour estimer un tel bilan humain, les inspecteurs du ministère se basent eux-mêmes sur les études du bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Un précédent rapport datant de 2005 a notamment mesuré, secteur par secteur, les effets induits d’un tremblement de terre sur le bâti existant. Il prend en compte les risques d’éboulements ainsi qu’un tsunami.
Au XIXE siècle, un repli de la mer sur près de 100 m par endroits, et des vagues atteignant jusqu’à 2 mètres, ont été décrits par des témoins. Ce corollaire du risque sismique pourrait se révéler tout aussi dévastateur.
Entre 14 et 29 milliards de dégâts
« Évidemment, une secousse qui aurait lieu un 15 août à 11 heures, alors que les plages de la Côte d’azur sont bondées, n’aurait pas les mêmes conséquences qu’un tremblement de terre qui se produirait, comme en 1887, de nuit au mois de février »,
Mais dans tous les cas, les dégâts seraient considérables.
Cette fois, c’est la fédération des assurances qui les a chiffrés. «On peut estimer grossièrement, écrivent les rapporteurs du ministère, qu’un séisme de type 1887 à Nice amènerait l’état à devoir mobiliser, en urgence, au moins de l’ordre de 14 à 29 milliards d’euros. À ces coûts, il faudrait rajouter celui des opérations de secours, les dommages aux personnes (assurance décès et coûts pour la sécurité sociale) et le soutien de l’activité économique. »
Un lourd tribut. Que la mission ministérielle met en regard avec le produit intérieur brut des Alpesmaritimes. Et fait qu’elle « s’interroge sur l’absence d’actions concrètes de prévention, alors qu’elles sont d’un coût relativement faible, tant au regard des dépenses après catastrophe que de la richesse économique incontestable de ce territoire ».