Agression en boîte à Menton le fêtard arrêté à la barre
À l’issue de sept heures de procès, un commercial niçois a été condamné à 4 ans de prison ferme lundi soir. Il a été reconnu coupable d’agression sexuelle en état d’ivresse.
Clara(1) et Derrick Mor sont face à face pendant que le président Alain Chemama instruit cette douloureuse affaire d’agression sexuelle. « Un viol correctionnalisé », précise en aparté Me Stéphanie Marcq-demarchi, avocate de la jeune italienne. Une manière opportuniste d’éviter l’attente d’un lourd procès d’assises. La proposition du procureur de transformer un crime en délit a été acceptée par la partie civile même si le suspect n’encourt plus vingt ans de réclusion mais sept ans de prison.
Suspicion de drogues
Les faits remontent à la nuit du 28 octobre 2018 dans une discothèque de l’avenue Carnot à Menton. Un groupe d’amis fête Halloween. Beaucoup, sous l’effet de l’alcool, perdent le contrôle et la mémoire. Au point que plane sur le débat la suspicion de l’usage de drogues à l’insu des protagonistes. Vers 2 h du matin, Clara, 24 ans, et Derrick, 36 ans, dansent collés serrés, s’embrassent et se caressent. Une caméra de surveillance filme le couple titubant dans l’escalier en direction des toilettes de l’établissement.
Clara et Derrick y restent une demiheure avant de sortir. La jeune Italienne ne se souvient plus de rien. Sa cousine la découvre sans collant ni culotte, prostrée, devant la discothèque. Elle la transporte en voiture jusqu’au domicile familial. Clara se réveille à 10 h 30, chez sa mère à Vintimille. Elle est nauséeuse et souffrira terriblement pendant trois semaines. Des saignements et des fissures lui laissent penser qu’elle a subi un viol. Elle dépose plainte.
Deux plaintes contre le suspect
La même soirée, une autre femme, Maria, accuse aussi Derrick au domicile duquel elle a fini la soirée. Elle se plaint d’un « black-out » qu’elle ne s’explique pas. Elle a été filmée à son insu par Derrick lors de leurs ébats. Une pièce à conviction
qui finalement se révélera en faveur du suspect.
À l’issue de l’enquête, Derrick Mor, commercial, inconnu de la justice, bénéficie d’un non-lieu pour les faits que lui reproche Maria. En revanche, il est accusé d’agression sexuelle en état d’ivresse à l’encontre de Clara. Il encourt 7 ans de prison. Il a été détenu pendant plus d’un an avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire. L’élégant prévenu, athlétique, tout de beige vêtu, se défend avec calme. « Admettez-vous des relations
sexuelles cette nuit-là ? », questionne le président Chemama. « Oui, totalement », répond Derrick Mor.
« Poupée de chiffon »
La procureure Delphine Dumas estime que l’état de conscience de Clara, comparée à « une poupée de chiffon », était tellement oblitéré, qu’elle ne pouvait donner son consentement. « La honte doit changer de camp », tempête la procureure. Quand j’entends Monsieur dire “Je ne lui en veux pas”, cela me choque »
La magistrate requiert 5 ans de prison et 5 ans de suivi sociojudiciaire. Me Audrey Vazzana, en défense, démonte point par point les charges qui pèsent sur Derrick Mor. Son travail méthodique s’appuie d’abord sur la personnalité de son client : « Pour les experts sérieux, Derrick n’est pas un prédateur sexuel dans le déni. C’est un travailleur qui n’a jamais fait parler de lui ni avant, ni après cette affaire. » La pénaliste reprend ensuite une phrase de Clara : «Ila peut-être pu penser que j’étais d’accord. » « Et forcément, Monsieur, qui lui aussi avait bu, n’a pas la perception d’un homme à jeun. »
Le tribunal a écouté avec attention les arguments de la défense mais a surtout retenu les images de vidéosurveillance où l’on voit Clara, manifestement vulnérable. Derrick Mor retourne en prison, condamné à 4 ans d’emprisonnement. Il a été arrêté à la barre du tribunal.