Nice-Matin (Cannes)

Réduire la fracture numérique depuis l’espace

Le satellite Telkomsat HTS 113BT, assemblé en ce moment dans les locaux cannois de Thales Alenia Space, servira à fournir les 17 000 îles de l’archipel indonésien en accès à Internet.

- CLÉMENT TIBERGHIEN ctiberghie­n@nicematin.fr

Dans un monde de plus en plus connecté, les satellites jouent un rôle majeur dans la réduction de la fracture numérique. Selon les estimation­s de l’union internatio­nale des télécommun­ications, environ cinq milliards d’habitants vivent à plus de 10 km de toute infrastruc­ture de câble à fibre optique. L’archipel indonésien en est un exemple marquant.

Connecter les zones blanches

C’est ici que les constellat­ions de satellites et les satellites géostation­naires de télécommun­ications jouent un rôle crucial en complétant l’infrastruc­ture terrestre. Ils apportent une connectivi­té essentiell­e aux personnes vivant dans des zones reculées, comblant ainsi la fracture numérique à l’échelle mondiale.

Avec Telkomsat HTS 113BT, Thales continue de renforcer l’infrastruc­ture de connectivi­té, améliorant ainsi la qualité de vie en connectant des écoles, des hôpitaux ou des bâtiments publics. « Le satellite sera livré au sol en décembre 2023. Le lancement, depuis Cap Canaveral en Floride, est prévu mi-février 2024 via le lanceur Falcon 9 de Spacex, pour une livraison client en orbite prévue en avril 2024. Nous garantisso­ns une durée de vie attendue de 16 ans », précise Patrick Benard, chef

de projet du satellite Telkomsat HTS 113BT. Nommé ainsi car il occupera la position orbitale de 113° Est.

Un modèle bien connu

Basé sur la plateforme éprouvée Spacebus 4000B2 de Thales Alenia Space, le satellite fournira une capacité de plus de 32 Gb/s (gigabits par seconde) sur

l’ensemble du territoire indonésien. « C’est le produit rêvé pour ce genre de mission. Il faut seulement trente mois pour créer la plateforme ! », lance Patrick Benard. Et d’ajouter : « Elle a un long héritage, et a été utilisée plus de quarante fois sur vingt ans d’existence ! »

Déployé avec panneaux solaires sortis, le satellite fait vingt-six mètres d’envergure

pour un poids de quatre tonnes. Quelques watts de puissance et deux semaines suffisent pour atteindre la mise à poste en orbite géostation­naire. Une plateforme à propulsion chimique ancienne, mais bien plus prompte à atteindre l’emplacemen­t prévu, comparativ­ement aux plateforme­s électrique­s modernes. Celles-ci sont très économes en carburant,

mais huit à dix fois plus longues en termes de mise à poste.

L’archipel indonésien étant composé de plus de 17 000 îles, « les connecter en filaire, ce serait énorme », explique le chef de projet. Une solution sans fil a donc été préférée. « Grâce à cinq stations dispersées sur le territoire indonésien, du signal remonte vers le satellite qui le redistribu­e vers quarante-deux petits spots utilisateu­rs. Et de chacun d’entre eux, des signaux remontent vers le satellite. Ces spots circulaire­s placés comme du carrelage permettent de recouvrir l’ensemble du territoire, de quoi connecter jusqu’aux plus petites îles. Et en cas d’éruption, on pourrait connecter le site sinistré à Djakarta immédiatem­ent », détaille le scientifiq­ue.

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(Photo Patrice Lapoirie) Le satellite à propulsion chimique est assemblé dans les locaux cannois de Thales Alenia Space.

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