Nice-Matin (Cannes)

Bientôt plus d’internes à la faculté de médecine de Nice

La ministre de la Santé s’est engagée auprès d’eric Ciotti à accroître les effectifs d’internes en médecine à Nice. Une victoire pour le doyen de la Faculté de médecine, Jean Dellamonic­a.

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN

Lorsque le Pr Jean Dellamonic­a, doyen de la Faculté de médecine, et Éric Ciotti avaient rencontré en octobre dernier Aurélien Rousseau, alors ministre de la Santé, il leur avait fait la promesse de se pencher sur la situation compliquée de la Faculté de médecine de Nice, qui forme chaque année un nombre d’internes parmi les plus faibles de France.

Hier, soit « deux ministres plus tard », c’est l’engagement écrit à une nette augmentati­on des médecins en formation, signé par Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarité­s, qui a été adressé au député des Alpesmarit­imes. Le Pr Jean Dellamonic­a, qui a été élu il y a un an avec ce projet et n’a pas ménagé ses efforts pour le faire aboutir, applaudit cette décision qui devrait permettre de corriger une injustice aux effets délétères sur la santé de la population azuréenne.

Quelle situation aujourd’hui, en termes de formation de médecins ?

La subdivisio­n de Nice – qui correspond à une zone géographiq­ue très importante, puisqu’elle va de Menton à Pierrefeu-du-var, en passant par Fréjus et Draguignan – est très insuffisam­ment dotée en nombre d’internes ; avec seulement 175 médecins en formation en 2023, nous nous situons en avantderni­ère place au niveau de l’hexagone, juste derrière Limoges !

Jean Dellamonic­a, doyen de la faculté de médecine. Quel impact pour la population ?

On imagine bien qu’avec seulement six pédiatres, deux réanimateu­rs, deux dermatolog­ues, trois cardiologu­es ou encore soixantedi­x médecins généralist­es formés par an – pour ne citer que ces spécialité­s – on peut difficilem­ent répondre aux besoins en santé de la population. Sachant qui plus est, que notre région est très rurale, qu’elle compte une forte proportion de personnes âgées, avec des besoins en santé importants, et qu’une majorité de médecins exercent en secteur 2 (avec des honoraires libres). Le problème d’accès aux soins ne se résume pas à la présence de médecins, il faut qu’il y ait des médecins que l’on peut payer.

Comment expliquer que Nice soit victime de cette « injustice » en termes de médecins formés ?

L’argument habituel est que nous sommes déjà bien dotés, puisqu’il existe un nombre relativeme­nt important de médecins sur le territoire. C’est exact mais on ne tient pas compte du fait que les médecins auxquels il est fait référence sont déjà installés, on ne maîtrise pas leur activité – un médecin peut parfaiteme­nt consacrer la quasi-totalité de son activité à l’expertise judiciaire ou encore à l’esthétique –, ils ne participen­t pas nécessaire­ment à la permanence des soins et/ou au fonctionne­ment de l’hôpital public.

Dans le courrier adressé à Éric Ciotti, la ministre évoque les chiffres de 50 postes en plus en 2025 et 2026 pour atteindre 282 postes en 2027. Suffisant selon vous ?

C’est le rattrapage que nous souhaition­s, donc, oui, nous sommes satisfaits. Avec 282 médecins en formation en 2027, nous pouvons espérer couvrir les besoins du territoire à relativeme­nt court terme - la formation d’un interne durant 4 à 5 ans.

Certaines zones sont particuliè­rement touchées par la pénurie de médecins ; bénéficier­ont-elles, elles aussi, de l’ « aubaine » ?

L’espoir, avec un nombre plus important d’internes, c’est qu’ils iront justement se former dans des zones peu dotées, qu’ils sauront apprécier ces territoire­s, qu’ils y tisseront des liens, et qu’ils s’y installero­nt, améliorant à terme la situation en termes d’offre de soins. Avec cet accroissem­ent du nombre d’internes, c’est une réflexion globale, territoria­le, que nous pouvons mener.

Il y a 2 jours, Christian Estrosi déclarait avoir sensibilis­é Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la Santé sur l’urgence de rehausser le nombre d’internes formés à Nice. Hier, c’est Éric Ciotti, qui obtenait cette augmentati­on. La question des internes devient une affaire politique.

Nous sommes heureux que les politiques aient soutenu notre démarche et se soient mobilisés à nos côtés. Pour ma part, je ne fais pas de politique ; ce qui m’intéresse, c’est la politique de santé.

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(Photo N. C.)

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