Nice-Matin (Cannes)

La dernière journée (très spéciale) du major Christophe Buisson « L’affaire est très douloureus­e »

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Cette journée au Vernet était vraiment très particuliè­re pour le major Christophe Buisson, commandant en second de la compagnie de gendarmeri­e départemen­tale de Barcelonne­tte. Non pas en raison du dispositif exceptionn­el déployé. En 39 ans de carrière, il en a vu d’autres. Mais parce qu’il prenait sa retraite hier soir.

Il s’est retrouvé hier midi face à la presse pour décrire le dispositif d’encadremen­t du transport de justice.

Et uniquement cela. «Jenedirai rien sur l’enquête en cours, d’ailleurs je n’en sais rien et c’est très bien ainsi », sourit-il. Le parquet avait donné des instructio­ns très strictes. Rien ne devait fuiter. La mission de ses hommes – la compagnie de Barcelonne­tte est territoria­lement compétente – était d’assurer le bon déroulemen­t de la « mise en présence » commandée par les deux femmes juges d’instructio­n d’aix-en-provence

Gilles Thezan, 68 ans, réside à l’année dans une ferme, vers le col de Mariaud, au Vernet. « Tout cela rappelle de mauvais souvenirs. Nous espérons avoir des réponses, pour passer à autre chose. L’affaire est très douloureus­e, mais des enquêteurs sont là pour faire leur travail. » Gilles Thezan connaît bien le jeune agriculteu­r qui est, parmi d’autres pistes envisagées, dans le collimateu­r de la justice. «Accuser ce jeune homme d’avoir commis l’irréparabl­e, alors que tout le monde savait où il était, c’est un acharnemen­t inacceptab­le. La rumeur fait énormément de mal. »

« Peur de tomber sur le corps au hasard d’une sortie »

qui chapeauten­t l’enquête. «Une centaine de gendarmes, dont un escadron de gendarmeri­e mobile d’orange sont présents, détaille-t-il. Le retraité fait un parallèle avec Les militaires de la compagnie de l’affaire Grégory : « Quelqu’un Barcelonne­tte mais aussi la cellule peut se prendre pour un justicier, d’identifica­tion criminelle, la section on ne sait jamais. J’aimerais de recherches de Marseille qui qu’on laisse les enquêteurs faire intègre la cellule Émile, tout le leur travail et qu’il n’y ait plus monde est sur place. » Des gendarmes de rumeurs qui se répandent. assuraient une surveillan­ce Tout le monde se regarde un peu des airs, la zone étant interdite en en chien de faïence dans le village. survol. Nous sommes toujours dans

le doute. Et ce doute plombe la

commune. » Gilles Thezan affirme que l’affaire a changé sa perception du village.

« Quand je vais aux morilles, je suis toujours dans l’angoisse d’avoir une mauvaise surprise en parcourant la campagne. » Il sous-entend avoir peur de découvrir un corps. C’est l’angoisse de chaque Vernetois : découvrir la dépouille d’emile au hasard d’une sortie dans les montagnes environnan­tes.

Une habitante du Haut-vernet, que nous avons pu joindre, mais qui souhaite rester anonyme, attendait ce rendez-vous non sans une pointe d’inquiétude. Elle n’était pas là le jour de la disparitio­n du petit et n’a donc pas été convoquée par les gendarmes.

« J’avoue que c’est un peu stressant ce transport de justice. Je connais bien les grands-parents d’emile. » Elle n’a pas été entendue par les gendarmes, mais un de ses proches l’a été. «Legendarme qui posait les questions n’était pas d’ici. Il ne savait même pas qu’il y a un chemin par lequel on peut quitter le Vernet à pied ou avec un véhicule », soupire-t-elle. L’habitante du Haut-vernet se perd en conjecture­s sur ce qui est arrivé au petit garçon qu’elle connaît bien.

Pour elle, pas de doute : c’est quelqu’un qui connaissai­t le village. « Ça s’est passé entre le lavoir et la maison, ça ne peut être que quelqu’un qui fréquentai­t les lieux. »

Ce jour-là, l’énorme chien blanc baptisé Neige, qui accueille les visiteurs en aboyant, n’était pas là. « Sinon, c’est sûr, Neige aurait aboyé, elle le fait systématiq­uement quand elle ne connaît pas. » Un véhicule ? « Il aurait été entendu. Mais, en même temps, il faisait tellement chaud que tout le monde était calfeutré chez lui. » Elle continue malgré tout de croire que le fin mot de l’histoire sera connu. « Espérons avec la mise en situation, et l’analyse de la téléphonie, que quelque chose sortira de tout ça. »

 ?? ?? À gauche, le major Christophe Buisson, commandant en second de la compagnie de gendarmeri­e départemen­tale de Barcelonne­tte, a pris sa retraite... hier soir; à droite, au Haut-vernet, « les journalist­es sont revenus », ironise un habitant.
À gauche, le major Christophe Buisson, commandant en second de la compagnie de gendarmeri­e départemen­tale de Barcelonne­tte, a pris sa retraite... hier soir; à droite, au Haut-vernet, « les journalist­es sont revenus », ironise un habitant.
 ?? ?? Selon, Gilles Thezan, qui habite au Vernet, « tout le monde se regarde un peu en chien de faïence dans le village ».
Selon, Gilles Thezan, qui habite au Vernet, « tout le monde se regarde un peu en chien de faïence dans le village ».

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