Nice-Matin (Cannes)

Violences aux Moulins : qui a été relâché, qui a été jugé ?

Après une vingtaine d’interpella­tions et une forte présence policière, le calme semble revenu dans le quartier des Moulins à Nice en proie, lundi et mardi, à des épisodes de violences.

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Des tirs à l’arme lourde lundi soir, des violences entre jeunes, mardi après-midi, des policiers pris à partie qui ripostent avec des gaz lacrymogèn­es, le renfort de la CRS 81… La semaine a été mouvementé­e dans le quartier des Moulins à Nice.

Un contexte agité

Une vingtaine d’interpella­tions a eu lieu, notamment mercredi matin, alors qu’un nouvel attroupeme­nt était signalé. La plupart des jeunes arrêtés sont mineurs et ne peuvent être placés plus de 24 heures en garde à vue quand ils ont moins de 16 ans. Ceux qui ont été relâchés ont l’interdicti­on de paraître dans le quartier pendant six mois. Neuf mineurs et trois majeurs ont été placés en garde à vue du chef de participat­ion à un groupement en vue de la préparatio­n de violences ou de dégradatio­ns.

Comparutio­ns immédiates

Après les incidents intervenus mardi après-midi, quatre jeunes majeurs avaient été arrêtés. Deux ont été relâchés, deux autres ont comparu jeudi après-midi devant le tribunal correction­nel de Nice. Six jeunes étrangers, mineurs isolés ou jeunes majeurs sans papiers, souvent employés par les trafiquant­s de drogue, ont été passés à tabac, parfois à coups de marteau, et sérieuseme­nt blessés. Certains d’entre eux se seraient mal comportés avec des femmes du quartier. Ce qui expliquera­it cette expédition punitive. Une explicatio­n qui demande à être confirmée par les développem­ents de l’enquête.

Un jeune Tchétchène armé ?

Akhmad, 19 ans, est en rupture avec sa mère et son beau-père. Il dit avoir été chassé du domicile familial à Albi (Tarn) et a débarqué à Nice sans formation ni domicile connu. Il était aux Moulins, « pour acheter sa consommati­on de cannabis », affirme-t-il. Il a été contrôlé avec une munition de 9 mm sur lui. Un policier l’aurait vu se débarrasse­r d’un pistolet de défense chargé. Défendu par Me Morgan Raynaud, Akhmad conteste vigoureuse­ment avoir détenu cette arme. Il a demandé un délai pour préparer sa défense. Il sera jugé dans quinze jours. Le président William Fezas a accédé à la demande de l’avocat en plaçant le jeune homme sous contrôle judiciaire. Le parquet souhaitait son incarcérat­ion pour garantir sa présence devant le tribunal le 19 avril. « Il n’a aucune raison de ne pas être là », plaide Me Raynaud.

Nour condamné à du sursis

Nour, 20 ans, livreur de repas, admet être descendu place des Amaryllis, en bas de son immeuble : « J’ai fait le curieux. »

À l’arrivée des policiers, il a fui en courant avant d’être interpellé boulevard Paulmontel. Il nie toute violence sur les jeunes sans-papiers. Les vidéos diffusées à l’audience ne permettent pas de l’incriminer, insiste Me Pierre Diniz, son avocat. Relaxé pour les violences, le jeune homme, sans casier judiciaire, est en revanche reconnu coupable d’avoir participé à l’attroupeme­nt en vue de commettre des violences ou des dégradatio­ns, et d’avoir refusé de remettre le code de déverrouil­lage de son téléphone. Il a été condamné à six mois de prison avec sursis (au lieu des dix mois avec sursis requis par le parquet) et à une période probatoire de deux ans. Il devra également effectuer 140 heures de travaux d’intérêt général.

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(Photo C. C.) Lutte autour de points de deal et expédition punitive contre de jeunes migrants seraient à l’origine des violences qui ont émaillé le début de semaine.

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