Cas de dengue importés :
Le message de mise en garde est tombé sur les ordinateurs des infectiologues de la région. La recrudescence de cas de dengue importés augmente le risque d’une épidémie, dès que le moustique tigre sera actif.
L’alerte est tombée sur l’ordinateur du chef du service infectiologie de Fréjus, Pascal Del Giudice, hier. Comme tous ses confrères, il a reçu un message du directeur général de la santé. Depuis le début de l’année, la France métropolitaine fait face à un record de cas importés de dengue.
Une situation « inédite » liée à la flambée dans les Amériques et les Caraïbes. Les autorités sanitaires appellent les praticiens à la vigilance, alors que se profilent les Jeux olympiques. Du 1er janvier au 18 avril, 1 679 cas importés de dengue ont été comptabilisés en métropole... contre 131 en 2023 sur la même période. Et ce, selon des données de Santé publique France.
Avant même les Jeux olympiques de Paris – qui se tiendront du 26 juillet au 11 août – qui favoriseront le brassage de population, l’année 2024 promet de battre le record de 2023 de cas de dengue importés (2019). « Nous sommes face à une situation inédite », a observé lors d’une conférence de presse le directeur général de la Santé, le Dr Grégory Emery. Ces cas « importés » concernent des personnes ayant voyagé dans les régions du monde où circule de manière endémique ce virus transmis par une piqûre de moustique tigre (Aedes albopictus). « Il n’existe pas de transmission directe d’humain à humain. » Cette situation hexagonale est un miroir de ce qui se passe aux Antilles, «etplus largement dans la zone Amérique latine et Caraïbes », a noté la directrice générale de Santé publique France, le Dr Caroline Semaille. À l’agence régionale de santé Paca (ARS), la veille est active. « La campagne commence actuellement, nous communiquons largement aux généralistes en rappelant les symptômes », commente Romain Alexandre, délégué ARS des Alpes-maritimes.
Un effet d’el Niño ?
Fin mars, l’organisation panaméricaine de la santé (OPS) avait prévenu que l’amérique latine et les Caraïbes devaient s’attendre à la pire saison de dengue jamais enregistrée. Elle est alimentée par le phénomène climatique El Niño. Depuis mi-2023, la grande majorité des cas de dengue importés en métropole sont de retour des Antilles françaises. « Près de 20 % âgés de plus de 65 ans », et « heureusement très peu d’enfants », selon le Dr Semaille. La dengue est une maladie virale le plus souvent bénigne, qui peut évoluer, dans environ 1 % des cas, vers une forme plus grave provoquant notamment des saignements. Les décès sont très rares. Les symptômes, souvent de type grippal (fièvre, maux de tête, courbatures), apparaissent dans les 3 à 14 jours suivant la piqûre.
En 2023, outre les cas importés, il y a eu une cinquantaine de cas autochtones – transmis par un moustique présent sur place –, après un record de 66 en 2022. Comme « le nombre significatif de cas importés pourrait entraîner la mise en place dans l’hexagone de chaînes de transmission autochtones », le directeur général de la Santé a appelé à « être vigilant et à adopter les bons gestes pour limiter la prolifération du moustique tigre ». C’est à Menton, en 2004 (lire par ailleurs), que le moustique tigre a, pour la première fois, été recensé en France. C’était dans un jardin botanique.
Répandu dans les pays chauds et désormais au-delà avec le dérèglement climatique, le virus de la dengue cause 100 à 400 millions d’infections par an, selon l’organisation mondiale de la santé.