Nice-Matin (Cannes)

« On a vu des larves une semaine ou dix jours plus tôt que d’habitude »

- PROPOS RECUEILLIS PAR GRÉGORY LECLERC

L’entente interdépar­tementale pour la démoustica­tion (EID) du littoral méditerran­éen est le principal opérateur public de démoustica­tion en Europe. Interview de Grégory L’ambert, 42 ans, entomologi­ste médical à L’EID Méditerran­ée. L’établissem­ent dispose d’une antenne à Roquebrune-sur-argens, et intervient dans les Alpes-maritimes

Comment expliquer cette multiplica­tion des cas de dengue et quel est le danger ?

L’explicatio­n est qu’il s’agit de cas importés, liés à une explosion du virus de la dengue aux Antilles et en Amérique du Sud. Nous avons enregistré dix fois plus de voyageurs revenus de ces secteurs qui sont porteurs du virus. Le problème, c’est qu’on va avoir des voyageurs qui reviennent porteurs et qui pourraient se faire piquer et retransmet­tre le virus via les moustiques. Comme souvent malheureus­ement, l’année suivant une épidémie outre Atlantique, l’intensité de la circulatio­n augmente en France.

Comment s’en prémunir ?

Nos citoyens métropolit­ains qui vont dans ces régions doivent faire attention. Si les Martiniqua­is sont immunisés en revanche nous, nous pouvons être infectés. Le mieux est d’éviter de se faire piquer en utilisant des moustiquai­res, des protection­s, des habits couvrants et des répulsifs à acheter en pharmacie. Le deuxième niveau, au retour en

France, c’est d’aller consulter son médecin généralist­e en cas de symptômes. En cas de retour positif, l’info remontera ainsi auprès de l’agence régionale de santé et de l’entente interdépar­tementale pour la démoustica­tion du littoral méditerran­éen. Si vous pensez avoir la dengue, évitez de vous faire piquer en métropole afin d’éviter de retransmet­tre le virus. Il faut utiliser les mêmes méthodes : répulsifs et protection­s adaptées.

La dengue ne se transmet pas d’homme à homme. Le moustique tigre est le vecteur de transmissi­on. Où en est-on de sa présence dans les Alpesmarit­imes et le Var ?

Au niveau du moustique tigre, ça commence. On a vu des larves une semaine ou dix jours plus tôt que d’habitude. À partir du mois de mai il sera très actif.

Quelles mesures prendre pour éviter qu’il ne prolifère ?

L’idée est de combattre les gîtes larvaires. Il faut lutter contre les petites collection­s d’eau de nos domiciles, comme des coupelles où les femelles pondent. Il faut recouvrir les collecteur­s d’eau d’un drap. Une fois par semaine, on renverse tous les petits récipients, et on assèche.

Quel est le travail de votre agence ?

Nous sommes opérateur public pour l’agence régionale de santé pour la région Paca. Le plus gros opérateur public de démoustica­tion d’europe. Quand un cas de dengue est diagnostiq­ué, le médecin fait remonter l’informatio­n à l’agence régionale de santé. Cette dernière contacte la personne infectée pour savoir où elle était quand elle a été piquée. Nous allons alors dans la zone pour constater la présence ou non de moustique tigre. Puis nous procédons à un traitement nocturne localisé le cas échéant. Mais nous ne pourrions le faire partout, car le risque est que le moustique devienne résistant. Nous sommes actuelleme­nt en train de mobiliser des renforts, de former, de préparer, afin de faire face à un surcroît d’activité.

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