Nice-Matin (Cannes)

Cyberattaq­ue à l’hôpital : bientôt la guérison ?

Une semaine après le Blackout informatiq­ue qui a paralysé l’activité du centre hospitalie­r, des logiciels ont été relancés et certaines consultati­ons rétablies. Les investigat­ions se poursuiven­t.

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Après un week-end sur le pont, la mobilisati­on du service informatiq­ue se poursuit. » À travers le communiqué de l’hôpital Simone-veil, on imagine combien les technicien­s du virtuel ont dû s’investir pour résoudre au plus vite des problèmes qui touchent bien au réel, puisque la cyberattaq­ue subie mardi 16 avril a complèteme­nt paralysé l’activité du centre de soins, obligeant au report de nombreuses opérations et consultati­ons.

Blackout informatiq­ue

Que s’est-il passé exactement ?

« Mardi 16 à 6 h 30, l’agence Natinale de Sécurité nous a alertés sur une potentiell­e attaque de notre système informatiq­ue, relate Yves Servant, directeur du CHU Simoneveil. À 8 h 30 en cellule de crise, on a décidé de se cyberconfi­né, c’est-àdire de couper absolument toutes nos sources informatiq­ues, soit 350 serveurs et 1 500 postes de travail. » Un plan de situation sanitaire exceptionn­elle a été déclenché, une coupure informatiq­ue préventive instaurée, tandis que des « experts » (ANSSI, Cert Santé, Orange Cyberdéfen­se, GHT06) se confrontai­ent à cette piraterie informatiq­ue. « Les investigat­ions techniques

se poursuiven­t », est-il précisé, tandis qu’une plainte auprès de la gendarmeri­e spécialisé­e en cybercrimi­nalité a été déposée.

Qui sont les pirates ?

Qui a attaqué le système informatiq­ue de l’hôpital ?

« L’adresse du serveur pirate est située aux États-unis, mais ça ne signifie évidemment pas que l’amérique nous a attaqués ! précise Yves Servant.

Quant à une éventuelle rançon, nous n’en avons pas eu connaissan­ce puisque nous nous sommes

nd coupés du monde. Même notre messagerie a été déconnecté­e. »

La mise en place de procédures de secours et l’organisati­on des soins ont été coordonnée­s avec l’agence régionale de Santé. «Le jour même de l’attaque, nous avons maintenu les opérations d’urgence, mais nous avons dû déprogramm­er

les autres. Environ un tiers de notre activité globale a dû être décalé, sachant que nous effectuons environ 6 500 interventi­ons chirurgica­les par an.»

Selon le communiqué, plusieurs logiciels jugés « prioritair­es » par la cellule de crise ont été relancés cette semaine. Le directeur confirme : « Nous avons d’abord remis en route la stérilisat­ion commune aux plateaux opératoire­s. Nous rétablisso­ns progressiv­ement les branchemen­ts internes. Le moment critique, ce sera la re-connexion avec l’extérieur. »

On peut à nouveau prendre rendez-vous

En attendant, l’établissem­ent cannois a aussi bénéficié du soutien des centres hospitalie­rs de Grasse, Nice et Antibes.

« La solidarité a pleinement joué. Le CHU de Nice a été très précieux via ses experts informatiq­ues, Antibes et Grasse pour la prise en charge rapide des patients, dont certains ont été détournés par le Samu vers d’autres établissem­ents, reconnaît Yves Servant. Aujourd’hui, on peut prendre un rendez-vous pour une interventi­on planifiée, mais on doit garder un équilibre entre maintien d’une activité hospitaliè­re et la bonne sécurité de nos patients. » « L’intégralit­é du planning opératoire est assurée. Les consultati­ons peu requérante­s en termes d’informatiq­ues sont maintenues », affirme encore l’hôpital, dont les urgences restent ouvertes. Avec cette conclusion qui réclame... de la patience aux patients : « Le retour à la normale sera progressif et minutieux. »

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(Photo A. B.-J.) À l’hôpital Simone-veil, le retour à la normale sera « progressif et minutieux », après la cyberattaq­ue subie le 16.

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