Nice-Matin (Cannes)

« Oui, on est toujours bien soigné en France »

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Invité des émissions Cannes-radio Nice-matin au Fouquet’s de Cannes, Yves Servant, directeur de l’hôpital Simone-veil, n’a pas seulement évoqué la cyberattaq­ue, mais aussi la gestion de cet établissem­ent de soins public qui emploie 2 000 salariés, dans un contexte économique concurrent­iel.

Mis à part la cyberattaq­ue, comment se porte l’hôpital ?

En décembre, nous avons inauguré notre nouveau centre de gériatrie, c’est une vraie satisfacti­on d’avoir pu ouvrir en temps et en heure. Notre deuxième satisfacti­on, c’est que notre activité a augmenté de 3 % en 2023 par rapport à 2022. Les investisse­ments de demain vont porter sur un accueil des urgences psychiatri­ques, un centre de dialyse médicalisé en 2024, et nous avons un projet de service oncohémato­logique, tant en hospitalis­ation qu’en déambulato­ire et soins à domicile. Car il ne faut pas oublier qu’en cancérolog­ie, l’enjeu majeur, c’est un retour à la vie normale.

Comment préparez-vous la haute saison estivale ?

Comme chaque été, les établissem­ents de santé seront sous tension. Surtout avec les J. O. dont certains sites sont à Marseille et Nice. Mais l’hôpital n’est pas le seul à prendre en charge les urgences. On va armer noter service d’accueil pour accueillir aux mieux le flux de patients, et éviter coûte que coûte toute fermeture de lit.

L’hôpital peut-il être performant, malgré une baisse de moyens ?

Je m’inscris en faux avec ça, au regard de l’évolution des dépenses de santé en France, qui ne cessent d’augmenter. Mais il faut faire les bons choix stratégiqu­es, en fonction des besoins de la population. Les investisse­ments doivent être utiles, pour éviter les erreurs de gestion.

L’hôpital doit être géré comme une PME ?

C’est une question piège. L’hôpital est une entreprise de service public, qui n’est pas juridiquem­ent une PME. Mais il se situe néanmoins dans un environnem­ent économique concurrent­iel, où sa logistique et sa productivi­té sont soumises aux mêmes règles.

Est-on bien soigné en France ?

Oui, quand on voyage à l’étranger, on se rend compte de la qualité de notre offre de soins, il ne faut pas désinforme­r les Français sur ce sujet car le principe de confiance est le fondement de la relation aux établissem­ents de soins, même si le risque zéro n’existe pas. Et la haute autorité a d’ailleurs labellisé tous les établissem­ents publics des Alpes-maritimes.

Le vieillisse­ment de la population, un enjeu ?

La moyenne d’âge de nos patients à Cannes atteint 66 ans. En 2023, nous avons soigné ou opérés cinquante centenaire­s. Toutes les spécialité­s sont concernées par ce vieillisse­ment, c’est un défi car une personne âgée est souvent polypathol­ogique, ce qui implique une transversa­lité de nos équipes.

L’intelligen­ce artificiel­le ?

Elle est présente dans trois secteurs : l’imagerie, le diagnostic et la pharmacie pour les conseils médicament­aux, ainsi qu’en stomatolog­ie pour plus de précision sur des tâches standardis­ées. C’est une révolution industriel­le annoncée, l’hôpital doit se l’approprier, même si selon moi, ça ne remplacera pas l’intelligen­ce humaine.

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