Un film primé sur une jeune céramiste à Cotignac
Renaud Conti, cinéaste, a réalisé un court documentaire sur une jeune artiste, Inès Ciccone, qui voyage bien au-delà du Var, récompensé dans de nombreux festivals à l’étranger.
Elle est céramiste depuis trois ans à Cotignac, après un détour par le design. Lui a été musicien, photographe, avant de s’épanouir maintenant dans la vidéo. Le cinéaste Renaud Conti a réalisé un documentaire sur Inès Ciccone, qui cumule les distinctions dans de nombreux festivals du film à l’étranger. Rencontre avec ces deux artistes, pour découvrir comment un film de trois minutes, une commande de l’agglomération Provence verte et de la Chambre des métiers pour promouvoir les artisans locaux a largement dépassé les frontières de notre territoire.
« J’ai toujours aimé apprendre toute seule, essayer d’expérimenter »
Le confinement la fait changer de vie
Elle. Après des études en arts appliquées dans le design à Paris, embauchée directement comme chef de projet, Inès Ciccone, 29 ans aujourd’hui, ne trouve rapidement plus de sens dans le packaging de luxe, à Paris.
À la faveur du second confinement qu’elle passe à Cotignac, au contact aussi de sa belle-mère, ellemême céramiste, elle décide de changer de vie, se souvenant de cours de poterie, à l’école, enfant. « J’avais adoré ce contact avec la terre ».
Petit à petit, elle achète un tour, se « fai [t] la main dessus pendant six mois ». Elle potasse quantité de livres, de vidéos sur Youtube « où l’on voit tourner en temps réel ». Magie des réseaux qui facilitent de nouvelles vocations. Ce qui lui correspond : « J’ai toujours aimé apprendre toute seule, essayé d’expérimenter des choses ».
Depuis son premier atelier, un cabanon provençal sur les hauteurs du village, en face, le massif du Bessillon l’inspire.
Cela donnera « Azur », sa première collection de poterie émaillée, « par un jeu d’oxyde de cobalt et par superposition, on obtient des collines dans l’horizon bordées par le village, sous les étoiles » .Un double retour à la terre, très évocateur. Plus tard, les lacs d’été desséchés lui inspireront « Dune » dans des nuances plus beige, rosé, marron. Derrière ces quasitableaux sur des tasses, bols, plats… se cachent des heures d’alchimie testées au four, pour dompter les caprices de l’émail, sur grès blanc. « C’est ma terre de prédilection. J’aime sa teinte beige, son toucher. Sur chaque pièce reste toujours une partie non recouverte d’émail, pour que l’utilisateur puisse continuer à voir et toucher cette matière brute ».
De la musique à la vidéo
Lui. Renaud Conti partage le goût pour la formation sur le tas avec la jeune céramiste.
Cet ancien guitariste, sorti du conservatoire – son groupe Alifib s’est produit aux Voix du Gaou – a étudié la photo seul, en parallèle.
« Avec le travail musical, je savais raconter une histoire avec rythme. Et avec l’image, je suis arrivé à la vidéo sans y penser », explique-t-il. En 2015, il rencontre un précurseur de la permaculture Philip Forrer, qui lui raconte sa pratique. « Je me suis dit que je ne pouvais pas garder cela pour moi ». « L’abondance végétale », vidéo de 19 minutes « très amateure » tournée sans moyen, atteint très vite le million de vues sur Youtube.
« J’ai vraiment trouvé ce que je voulais faire, capter ce que des créateurs ont besoin de transmettre ». Il monte sa propre boîte, explore notamment les cuisines d’alain Ducasse, se passionne pour les artisans, avec le talent de savoir écouter, regarder, s’immerger dans des univers différents, pour en tirer toute la poésie.
Depuis ses premières images, il s’est équipé, mais « d’une caméra cinéma sans stabilisation, à l’ancienne. Il n’y a pas d’effet. Si ça bouge, ça bouge, mais c’est plus immersif ». Décomplexant.
C’est ainsi qu’il décide de commettre « Colours of Provence », sur Inès Ciccone. Le bruit de l’eau, de la terre cuite… l’art est dévoilé de manière dépouillée, pure. Un petit film esthétique qui récolte depuis des lauriers dans plus d’une dizaine de festivals en Turquie, Hongrie, Ukraine, Suisse… Une vidéo qui va encore faire le tour du monde, tout comme s’exportent de plus en plus les céramiques du petit atelier du centre ancien de Cotignac.
Le travail d’inès : 5, rue de la placette, à Cotignac.
Son site : https://www.lartducabanon.com/ Instagram : @ines.ci
Le travail de Renaud : Son site : https://borealevision.com/