Comment le Trophée des Alpes A TRAVERSÉ LES SIÈCLES
Le 4 mai 1705, la victoire de la France sur les États de Savoie a pour conséquence la destruction du Trophée des Alpes à La Turbie, représentation de la puissance de Rome.
Au-dessus de La Turbie se dresse un édifice qui, construit entre l’an 7 et 6 avant J.-C., glorifie les victoires d’octave Auguste, premier empereur de Rome, sur les peuples des Alpes. Ce monument aux dimensions imposantes, dit Tropaeum Alpium, (Trophée des Alpes) ou Trophaea Augusti (Trophée d’auguste) devait perpétuer à jamais la puissance de Rome. Vu son importance symbolique, il fut protégé durant la période romaine. Mais après la chute de l’empire, le symbole a subi de nombreuses dégradations perpétrées entre autres par les premiers chrétiens au Ve siècle, puis les envahisseurs barbares. En partie détruit, il sera reconstruit et transformé en fortification entre 1125 et 1325. Devenu place forte, il est appelé Castro Torbia. Mais l’outrage le plus destructeur fut son anéantissement par la France lors de la guerre de la Succession opposant les troupes françaises de Louis XIV à celles du duc de Savoie Victoramédée II au début du
XVIIIE siècle.
Lors de cette guerre, Louis XIV, furieux contre Nice et son comté, ordonna la destruction de toutes les forteresses de la région. Le Trophée transformé en forteresse au Moyen Âge n’échappa pas à la colère du roi Soleil.
Le démantèlement et minage du Trophée
En effet, à la fois bastion et refuge, il était un élément défensif pour les États de Savoie avec pour mission sécurité et défense de la frontière. Conformément à l’ordre royal, l’édifice fut démantelé, mais comme cela ne suffisait pas, il fut miné le 4 mai 1705. Ultime destruction relatée dans le livre de raison des Rossetto, notaires ducaux :
« Enfin le 4 mai 1705, deux nouvelles mines sont placées au massif central, ce qui en fit tomber la moitié ; fait digne d’être cité, car la Tour encore intacte fut détruite. »
En quelques heures, le Trophée, transformé en un amoncellement de ruines, de déblais, de matériaux divers devenait une carrière à ciel ouvert. Les pierres serviront à la construction de l’église Saint-michel. Après le rattachement, en 1865, le gouvernement
nd impérial va quand même classer le monument ou plutôt sa ruine.
Fouilles et réhabilitation
Fin XIXE siècle, lorsque va naître un véritable intérêt pour l’archéologie, des chercheurs vont se lancer dans un vaste programme de fouilles et de restauration qui va se poursuivre jusqu’en 1909.
Un an plus tard, l’oeuvre architecturale partiellement dégagée recevra la visite du président de la République Armand Fallières et de Georges Clemenceau, marquant ainsi la reconnaissance officielle de l’importance du Trophée dans le patrimoine architectural national. La première mise en place de deux colonnes s’est faite en 1917. Mais, il fallut attendre 1929 pour que, sous l’impulsion de l’historien et maire Philippe Casimir et grâce à l’appui financier décisif de l’américain Edward Tuck, l’ensemble des projets élaborés par l’architecte en chef Jean-camille Formigé, puis de son fils Jules, pussent enfin être réalisés. Les travaux devaient se poursuivre jusqu’en 1933, suivis en 1934 de l’inauguration du musée de l’oeuvre, dénommé Musée Tuck, en l’honneur du généreux mécène. Puis, des finitions d’embellissement du Trophée et de ses alentours jusqu’en 1946 vont donner au Trophée d’auguste la majestueuse apparence qu’il a encore aujourd’hui.
Le Trophée transformé en forteresse au Moyen Âge n’échappa pas à la colère du roi Soleil