À bord du Proxi’bus du Secours populaire
« Votre temps d’attente est estimé à 10 minutes. » Stéphanie fredonne la ritournelle qu’elle connaît par coeur. Elle sait qu’il ne faut pas se décourager. Banco. Quelques instants plus tard, un agent de la Caf lui répond.
Dans le minibus du Secours populaire, Anna, 22 ans, est suspendue aux lèvres de Stéphanie. Elle attend 100 euros d’aides au logement non versées. « Pour une étudiante boursière, c’est une somme ! Je connais beaucoup d’étudiants qui se privent de manger plusieurs fois par jour parce qu’ils n’ont pas les moyens. »
« Un soulagement »
Ouf. L’intervention de Stéphanie va débloquer la situation. Une fois de plus. Voilà plus de deux ans que Stéphanie sillonne les Alpes-maritimes avec Jean-pierre, le chauffeur du Proxi’bus du Secours pop’. Sa cible : les vallées et les résidences universitaires. La problématique commune : « Tout se dématérialise. Les étudiants ont beau être un public ultra-connecté, ils ont des difficultés à faire leurs démarches. Ils sont jeunes, manquent d’expérience et ont besoin d’un accompagnement. »
Anna confirme. « C’est vraiment un soulagement d’avoir quelqu’un pour nous aider, atteste cette Franco-brésilienne, étudiante en licence de lettres. Les papiers, c’est compliqué. Et les délais pour obtenir un rendez-vous avec une assistante sociale sont hyper longs. »
« On essaie de tenir le coup ! »
Stéphanie les raccourcit sensiblement. Mais elle ne s’en tient pas qu’à ça. « En venant pour de l’administratif pur, ils s’ouvrent parfois. J’ai fait des signalements pour harcèlement, de la prévention sur des questions médicales... » Infirmière, Stéphanie vit là sa « meilleure expérience professionnelle ».
Ce mardi-là, le Proxi’bus est stationné au pied de la résidence Baie des Anges, au-dessus du campus Carlone. Les étudiants s’y succèdent. À l’image de Charles, Ivoirien de 26 ans, en Master de lettres modernes. «Ce sont mes débuts en France. C’est très compliqué. Le coût de la vie, le mode de vie... Il faut s’adapter dans la difficulté. On essaie de tenir le coup ! » La Caf ne retrouvait plus son dossier ; Stéphanie lui en a recréé un.
Précieuse « petite goutte d’huile »
Précarité financière, galère administrative, isolement... La pandémie a révélé l’urgence de soutenir les étudiants. Mireille Barral, directrice générale du Crous Nice-toulon, sait pouvoir compter sur le Secours populaire. « C’est une aide complémentaire de l’état. Il a une bonne implantation, est très efficace et très pro. » En témoigne le duo formé par Stéphanie et Jean-pierre. Une salariée et un bénévole au grand coeur, confrontés à des situations de détresse et aux pleurs. « Nous sommes la petite goutte d’huile qui permet de faire fonctionner la machine, sourient-ils. Ils ne savent plus comment nous remercier. Un sourire, un “merci” en nous tenant la main, c’est la plus grande des reconnaissances. »