Quinzaine en actions : LEURS VIES COMME DANS UN FILM
« Ces femmes ont pu s’ouvrir, se reconstruire à travers la création artistique »
Sept femmes ont puisé dans leur parcours cabossé pour écrire, encadrées par des professionnels, de poignants scénarios de cinéma, lus ensuite par des comédiens.
Dans la bouche de trois comédiens sur scène, leurs mots. Tous leurs maux. Au premier rang, elles sont là. Solaires dans l’obscurité. Touchées. Touchantes. Soudées. Sept femmes. Olivette, Marie, Julie, Keira… Gorges serrées. Larmes au coin de l’oeil. Ce sont des morceaux d’elles qui font ce spectacle intime à la fois résilient et poignant. C’est tout l’enjeu de cette Quinzaine en actions. « C’est un dispositif d’accès à la culture de la Quinzaine des Cinéastes », rappelle Louise Ylla-somers, coordinatrice de cette Quinzaine aux vertus sociales.
Depuis dix ans, cet atelier scénario encadré par des scénaristes professionnels permet à des femmes cabossées par la vie de s’exprimer. Autrement. En couchant sur le papier leurs parcours, leurs expériences ou leurs espoirs en usant d’un vecteur artistique fascinant : le cinéma.
Toutes ont été frappées par des accidents de la vie et ont trouvé une aide à l’association cannoise Parcours de femmes ou auprès du refuge parents-enfants de la Villa Excelsior à Cannes. Présenté mardi après-midi sur la scène du Théâtre de la Licorne, le résultat était bluffant. Interprétés par les comédiens Agathe Bonitzer (fille de Pascal Bonitzer
et de la regrettée Sophie Fillières) Naidra Ayadi, (César du nd meilleur espoir féminin en 2012 pour le rôle de Nora dans Polisse de Maïwenn) et Dimitri Storoge (Les Lyonnais, Notre-dame brûle...), des histoires d’enfance saccagée par un viol, de mari infantile, de combat contre la maladie ou de petites mélodies qui sauvent de tout. Des textes poétiques, rythmés, d’une grande dignité.
Avec flash-back, travelling et contre plongée dans leurs âmes écorchées. Un exercice qu’elles ont travaillé dans le partage et l’empathie au cours de quatre journées d’ateliers. « En écoutant ces parcours de femmes, je me dis que c’est aux hommes de faire un parcours », a commenté sur scène Cyril Brody scénariste qui les a accompagnés dans ce délicat exercice d’écriture, avec Nathalie Hertzberg, co scénariste du Procès Goldman. « Ces femmes ont pu s’ouvrir, se reconstruire à travers ce processus de création artistique. On n’a pas toujours les mots, le cinéma les a », a souligné Jean-michel Arnaud, président du Palais des Festivals. Après cette lecture, émotion dans la salle. Ces héroïnes des temps modernes de continuer leur chemin. Ensemble. Plus fortes.