Julian Mcmahon « LA PROJECTION À CANNES ? UN CHOC ! »
Immortel en Docteur Christian Troy dans la série « Nip/tuck », l’acteur australien donne la réplique à Nicolas Cage dans « The Surfer », présenté en Séance de minuit et dans lequel il campe un gourou des mers menaçant.
Une carrure imposante, un sourire qui illumine son interlocuteur, des yeux clairs et perçants, à 55 ans, l’acteur australien Julian Mcmahon en impose. Les plus habiles n’ont pas oublié son rôle mythique du docteur Christian Troy dans la série de Ryan Murphy, « Nip/tuck », autour de la chirurgie esthétique qui s’imposa comme l’une des créations majeures des années 2000. À côté de cela, Mcmahon s’est essayé à tous les genres, de « Charmed » aux « Quatre Fantastiques » en passant par la franchise « FBI ».
Sur la Croisette, c’est pourtant dans un tout autre rôle que nous avons retrouvé l’acteur dans le film « The Surfer ». Face à Nicolas Cage, il campe Scally, un gourou du surf, chefaillon charismatique d’un gang de surfeurs locaux sur une plage australienne à laquelle il refuse l’accès à Cage et sa progéniture. Le début d’une opposition psychologique et physique. Un rôle qui nous fait forcément penser à Bodhi, rôle campé par Patrick Swayze dans « Point Break » au début des années 90. « Ce n’est pas vraiment un gourou au sens littéral, j’avais surtout une vision physique de Scally, comment il devait être physiquement, comment il devait se tenir. Je voulais qu’il soit charismatique, engagé, menaçant, excessif tout en étant crédible. C’est un personnage brutal mais pas forcément violent », lance, d’entrée, Julian Mcmahon. Projetée en séance de minuit au Grand auditorium Louislumière, la séance, très vivante, a particulièrement marqué l’acteur qui découvrait, pour le coup, le Festival de Cannes.
« Un moment extraordinaire, un choc », confesse le natif de Sydney.
Sa première fois à Cannes
« Ce n’est pas un Festival où vous remettez seulement des prix, là, vous avez toute l’industrie du film sur place pendant 10 jours, des festivaliers, des acteurs, des fans, la ville vibre, c’est intense, énorme. » Même la séance nerveuse de la veille a littéralement subjugué l’acteur australien. «Je n’avais jamais fait une projection comme ça, c’était incroyable. Même Nicolas Cage, qui a pourtant l’habitude, a pris un plaisir incroyable à cette projection. Il s’est lâché. On a senti les gens heureux d’être là, c’était du pur divertissement, la salle avait cette vibration unique. Je n’ai pas l’habitude de présenter mes films au public, alors le faire à Cannes, dans cet écrin, c’est sans doute l’un des plus beaux moments de ma carrière. » Dans le film, pourtant, les deux acteurs ont moins le sourire et, surtout, ils s’affrontent frontalement. « Je connaissais Nicolas Cage l’acteur mais je n’avais jamais bossé avec lui. C’est un homme avec un immense investissement, on a très vite accroché dans le jeu. C’est quelqu’un qui vous invite à jouer, qui vous porte, qui vous challenge. » Australien, Julian Mcmahon a grandi avec le surf, le sujet lui parlait forcément. « C’est un concept particulier le surf, c’est
nd paisible, vous êtes connectés avec la terre au sens large. C’est la planète, de manière violente et paisible, qui vous parle, qui vous porte. Il y a une énergie unique quand vous êtes sur une planche. Vous êtes au milieu des dauphins, des baleines, de la nature. Il y a ce roulement des vagues permanents, cet éternel recommencement ».
« The Surfer » est bâti sur une particularité, tout le film de Lorcan Finnegan se déroule sur un même et unique lieu : une plage. Un concept qu’il a fallu appréhender pour Mcmahon.
« L’endroit est magnifique, je le connaissais un peu, il y a une lumière naturelle incroyable mais on a uniquement tourné dans cet endroit. C’est comme être enfermé dans un espace clos pendant plusieurs semaines, il faut appréhender le lieu, prendre ses marques, réussir à exister sans accessoire, sans autre décor, avec le même lieu, c’est un travail différent. Cela demande surtout plus de cadrage de la part du réalisateur, c’est comme jouer au théâtre, il n’y a pas d’échappatoire pour les acteurs, vous êtes dans un lieu délimité. »
«Bouffelerat!»
Même si le film n’a pas encore de date de sortie hexagonale, la création de Finnegan, qui emprunte plusieurs styles, de « Chute Libre » à « Point Break » mais également le ton sépia de Rodrigo Sorogoyen pour « Que Dios nos perdone » avait parfaitement sa place à la séance de minuit cannoise. Et ce n’est pas Nicolas Cage qui dira le contraire ! Son personnage, dans une douce folie de revanche, en vient à enfoncer un rat mort dans la bouche d’un membre du gang des surfeurs. Et le voila qui reprend la réplique culte à la fin de la séance cannoise, micro en main, avec un immense « Eat the rat ! », scandé aussi par toute la salle en délire. C’est aussi ça, la magie cannoise.
« Je voulais que mon personnage soit charismatique, engagé, excessif tout en étant crédible »