Veziano : un millier de petits pains et 100 ans plus tard
En mai 1924, Aurélie et Antoine Veziano ouvraient une boulangerie, rue des Bains. S’ils savaient ce qu’elle deviendrait, un siècle plus tard… Une grande fierté antiboise !
Un jour, on se baladait autour de chez Veziano, rue des Bains. Et puis nos oreilles ont attrapé une phrase presque murmurée : «Ce sont les 100 ans de la boulangerie, le 12 mai… » Direction le fournil. « Jeanpaul ? C’est vrai ? Il faut faire quelque chose dans le journal ! » Le boulanger s’agite, attrapant une fougassette à la fleur d’oranger. « Non, non, rien du tout ! Aller, goûte-moi ça plutôt. » On se tourne vers sa fille, Leslie : « 100 ans, quand même ! Il faut le convaincre. » Réponse dans un sourire, entre deux gestes pour rouler les croissants : « Désolée, s’il ne veut pas, il n’y a rien à faire. Et si vous le faites quand même, il risque de mal le prendre ! »
Quatre générations… un jour, cinq ?
D’accord. Tant pis. On ne parlera pas des arrièregrands-parents, Aurélie et
Antoine Veziano qui ont acheté la boulangerie en 1924, à l’époque où les boulangers laissaient une toile d’araignée dans un coin pour voir si le vent tournait, la nuit. Ni des parents Francine et Jean, qui épluchaient des dizaines de kilos d’oignons pour la pissaladière. Ni de Joëlle et Jean-paul qui, depuis
1995, continuent de faire mange la meilleure pissaladière lever le bon pain chaud et du coin ? » de leurs filles (et de leurs enfants !) qui préparent la
nd relève… Assises sur le rebord Non, on ne le fera pas d’une jardinière (« on s’assoit nous. Mais on s’est pointé, toujours là pour la un samedi matin, dans la manger »), une maman et rue des Bains. Et on a regardé sa fille sont déjà en train cette dame arriver de croquer dans une part : dans la queue devant la « Ce qui est bon c’est boutique : « C’est ici qu’on qu’elle est fine et bien
Pétrir avec le coeur
mouillée. Nous, on vient depuis toujours. » Comme Jackie, qui habite en face depuis 1921 et qui vient récupérer sa baguette. « J’ai connu le grand-père de Jean-paul. Il était sans arrêt en train de dire aux gens ‘‘tu me paieras plus tard’’ ,etpuis…»
C’est ça, la boulangerie Veziano pour les Antibois.
C’est le coeur, le « supplément d’âme », même. Et c’est le réalisateur des quatre premiers films Taxi, Gérard Krawczyk, qui le dit. Croisé par hasard au comptoir, en train, lui aussi, de prendre sa part. « On revient toujours ici… » Depuis 100 ans.