Enquête au coeur de L’EXPLOITATION DES ÉPAULARDS
Le documentaire « Orca - Black & White Gold », de la réalisatrice allemande Sarah Nörenberg, a été projeté lundi dans le cadre du Marché du Film cannois. 1 h 30 d’images poignantes.
Octobre 2018, baie de Srednyaya, en Russie. 87 orques et 13 bélugas sont détenus illégalement après capture en milieu naturel dans une « prison » pour cétacés. Avec un prix de revente qui fluctue entre un et dix millions d’euros par spécimen vivant, l’orque devient, malgré elle, cet or noir et blanc que baleiniers et delphinariums s’arrachent. Un juteux marché estimé à plusieurs centaines de millions de dollars. Des premières captures dans les années 70, suit le boom des parcs Seaworld à partir de 1980. Les Russes, qui achetaient encore les animaux aux Américains et aux Japonais, rentrent alors dans la course à la capture en milieu naturel. Intimidations, menaces, destructions d’équipements et de campements, les industriels ne reculent devant rien pour faire plier les activistes qui tentent de filmer les captures. Après la diffusion du documentaire Blackfish, en 2013, les actions de Seaworld chutent, les consciences commencent à s’éveiller, jusqu’à obtenir le démantèlement de la « prison » pour cétacés de la baie de Srednyaya à Primorye en novembre 2019. 1 860 kilomètres de transport et de stress intense en camion vers le cap Perovsky, lieu choisi pour relâcher les cétacés. Si en Amérique du Nord comme en Europe, les mentalités ont grandement évolué sur la question, avec notamment la loi française interdisant la détention et la reproduction des cétacés pour une entrée en vigueur en décembre 2026, ailleurs un long chemin reste à parcourir. En Russie et en Chine notamment, où le succès et le nombre des parcs à animaux marins sont grandissants. Et les soupçons de captures en milieu naturels pèsent fortement tant les reproductions au sein des delphinariums sont rares. Voilà, en quelques lignes le propos exposé dans Orca - Black & White Gold. Un documentaire, signé par la réalisatrice allemande Sarah Nörenberg, dont les images sont saisissantes, poignantes, glaçantes.
Montrant la réalité crue d’un commerce qui officie en toute illégalité, au mépris total du bien-être des animaux capturés.
Marineland dans le viseur
« One Voice a été très actif, en France, pour protéger les orques. Deux d’entre elles sont encore détenus par le parc Marineland, à Antibes. L’action de One Voice a, entre autres, permis que ce parc ne soit consacré qu’au divertissement. Sans animaux. Et il est primordial qu’elles ne soient pas victimes collatérales
du processus et envoyés n’importe où ! », souligne Sarah Nörenberg. Et d’ajouter que «ces animaux ont été élevés en captivités, et ils ne peuvent donc pas être relâchés dans la nature. Elles ne savent pas chasser seules, et la reproduction entre un nombre restreint d’individus à des conséquences sur la génétique. Mais un sanctuaire dans lequel les orques peuvent plonger profondément, nager suffisamment, jusqu’à cent miles nautiques par jour, et avoir accès à une nourriture saine est vital. On parle, en Nouvelle-écosse (Canada), d’un lieu cent fois plus grand que le plus grand bassin existant en parc animalier ! Deux orques sont mortes à Marineland en cinq mois. Le parc a gagné beaucoup d’argent sur le dos de ces animaux pendant de nombreuses années. Il s’éloigne aujourd’hui de ça et c’est très positif, mais ils ont le devoir de faire le bon choix et ne pas envoyer les animaux dans un autre delphinarium. Il est grand temps d’agir pour les orques d’antibes avant qu’il ne soit trop tard ! »
« Il est grand temps d’agir pour les orques d’antibes avant qu’il ne soit trop tard »