Valeria Golino TRANSMET L’ART DE LA JOIE
L’actrice et productrice, présidente du jury Un Certain Regard en 2022, animait, ce mercredi, un rendez-vous en présence du public pour présenter sa nouvelle série, « L’art de la joie ».
Pour les amateurs du genre, Valeria Golino reste à jamais la Napolitaine Ramada Thompson de la saga « Hot Shots ! », parodie des films d’action des années 90 dans laquelle elle donne la réplique à Charlie Sheen. Mais en réalité, l’actrice de 57 ans, capable de passer de l’anglais au français en passant par le grec, l’espagnol et, naturellement, l’italien, est une femme capable de tout jouer. Dans « Maria », son dernier projet, elle incarne Yakinthi Callas, la soeur ainée de la cantatrice jouée par Angelina Jolie. Avant cela, on l’avait vue dans « The Morning Show », ainsi que dans « Jacky au royaume des filles » de Riad Sattouf, « Adults in the room » de Costa-gavras, « 36 Quai des orfèvres » d’olivier Marchal... Bref, une filmographie dense, qui s’étale sur quatre décennies et dans laquelle on retrouve également sa touche de scénariste, réalisatrice et productrice, ce qui permet à Valeria Golino d’être l’une des artistes transalpines les plus universelles du moment. Dans la chaleur du Festival, c’est au sein de la très climatisée salle Buñuel du Palais des Festivals que l’actrice s’est ainsi livrée, sans filtre, sur sa longue carrière face à un public conquis d’avance et venu en nombre.
Comédienne qui dirige des comédiennes
« Valeria Golino est une comédienne qui a toujours eu quelque chose à dire et qui, très vite, est devenue cinéaste, c’est un peu la tendance dans ce Festival », lance Thierry Frémaux, le délégué général du Festival, en préambule. Une comédienne qui dirige des comédiennes, c’est un peu la nouvelle vie de Valeria Golino, venue sur la Croisette avec son dernier projet, « L’art de la joie », un livre transalpin majeur de Goliarda Sapienza adapté en série de six épisodes avec Jasmine Trinca et la jeune et époustouflante Tecla Insolia.
Sa nouvelle série en avant-première
Une oeuvre dont la Napolitaine a tenu à montrer le premier épisode en avant-première. «Ilyaunevingtaine de raisons d’adapter ce livre, détaille Valeria Golino. C’est un ouvrage extraordinaire, un projet qui fait peur. Il y a un personnage féminin, désobéissant, ce qui est tellement unique dans la littérature. C’est une femme puissante, qui a souvent tort, c’est rare de pouvoir raconter un tel profil. C’est la première fois que je montre cette série à un public, je connais le projet par coeur et là, à l’écran, dans une salle pleine, je n’en vois que les défauts (rires). »
nd
Cette série, qui raconte à travers les yeux de Modesta, une jeune fille née en 1900, une vision de la Sicile mais aussi de la sensualité.
Oeuvre méconnue en France, le livre de Goliarda Sapienza est devenu culte en Italie.
« Elle a un style original dans l’écriture, c’est le désordre et, en même temps, une forme de grâce du langage, c’est très contradictoire. Elle a une liberté dans l’écriture, elle a mis 20 ans à faire ce livre car personne ne voulait la publier », argumente Golino. Le livre, révélé de manière posthume après la mort de Sapienza en 1996, est une oeuvre difficile à appréhender. « Cela parle de sexualité, de bisexualité, du sexe pour se venger, de la famille toxique. C’est pour cela que l’on a mis du temps à l’adapter, ma productrice me demandait : mais on va en finir quand ? » rigole
Valeria Golino.
Entre Goliarda et Golino, il existe un point de rencontre : le cinéma. Avant d’écrire, l’autrice sicilienne était actrice. « J’ai eu la chance de commencer à tourner à partir de 17 ans, j’ai toujours aimé ça mais j’aime la forme du cinéma, le cadre, la lumière, le point de vue, comment on raconte une histoire. Devenir réalisatrice était une évidence. J’ai fait mon premier film à 45 ans, c’est trop tard. Je le regrette mais j’avais le sentiment de l’imposteur et être femme n’aidait pas dans ce milieu... J’avais peur, il y a une forme de pudeur. » Depuis, Valeria Golino s’est bien rattrapée.