Nice-Matin (Cannes)

Agathe Sorlet CROQUE LE FESTIVAL

L’illustratr­ice à l’univers plein de douceur a passé quelques jours à Cannes pour dessiner les festivalie­rs sur la plage Nespresso.

- AURORE HARROUIS aharrouis@nicematin.fr

Orange bien vif. Cette année, la couleur choisie par Nespresso pour pigmenter sa plage éphémère installée sur la Croisette pendant le Festival sied parfaiteme­nt à l’univers d’agathe Sorlet. « Mon orange tire un peu plus vers le rouge et celui-là vers le jaune… mais c’est une couleur trop jolie », sourit l’illustratr­ice. Depuis des années, elle dessine, sur fond orange, rose, rouge ou bleu, des femmes et des hommes qui s’aiment, des petites scènes du quotidien, de la douceur, du partage et de la joie. Des images touchantes que l’on voit sur Instagram, en posters, au gré de ses nombreuses collaborat­ions et qui mettent du baume au coeur. A Cannes, invitée par Nespresso avec qui elle collabore depuis plusieurs années – elle a notamment imaginé récemment une animation autour des nouvelles capsules compostabl­es – Agathe croque encore.

«Ilyauntruc­très gourmand à dessiner la femme »

« Le Festival de Cannes, c’est la culture, le glamour, les stars. Il y a un côté un peu hors du temps, hors du monde. Les heures passent de manière très étrange. C’est extrêmemen­t inspirant. Ce que j’adore, c’est toutes ces tenues, ces paillettes dans tous les sens. Et ces gens que je n’aurais jamais rencontrés ailleurs m’inspirent aussi », raconte celle qui, pour sa troisième édition sur la Croisette, a assisté à la projection d’« Emilia Perez » de Jacques Audiard.

« Avec cette actrice trans incroyable... C’est vraiment la star du film. »

De quoi nourrir de futurs dessins pour celle qui aime représente­r les corps féminins dans toute leur diversité ? « Mon trait est dans l’arrondi. Je trouve que ça correspond très bien au corps de la femme qui est toujours dans les ondulation­s que ce soit les hanches, les seins, les fesses, même les cheveux. Il y a un truc très gourmand à dessiner la femme. »

Cette façon de nous représente­r toutes, avec notre asymétrie des seins parfois, notre petite bouée ventrale, nos jolies particular­ités, a agi comme une autothérap­ie sur Agathe Sorlet. « Dessiner ces femmes super-fières, libres, toutes nues, qui s’assument, aiment leur corps, c’était vraiment pour me libérer, parce que j’étais ultra-complexée. C’est drôle parce que quand j’ai commencé à mettre mes dessins sur Instagram, tout le monde pensait en les voyant que j’étais sûre de moi et

nd amoureuse, alors que ma vie sentimenta­le était désastreus­e. » L’artiste fait aussi référence à son enfance, au cours de laquelle elle a subi, avec Lorraine, sa soeur jumelle également illustratr­ice, de la maltraitan­ce de la part de ses parents. Un moment de vie qu’elle a raconté dans le très émouvant épisode 227 du podcast Bliss.

« Ça a longtemps été très compliqué pour moi de me sentir à l’aise avec cette féminité. » Si le dessin l’a aidé, son chemin personnel, sa rencontre avec son amoureux et la naissance de son fils, il y a presque deux ans, l’ont réparée. « J’ai longtemps dessiné ce que je n’avais pas. Ma méthode Coué a fonctionné ! » Pas une raison pour Agathe Sorlet d’arrêter de représente­r la joie de vivre dans ses dessins.

Du terreau pour faire fleurir de belles choses

« Tout ce que j’ai vécu de difficile, ça a été du terreau pour faire fleurir des belles choses. Je suis trop contente d’avoir réussi à faire ça. Et à faire de l’art populaire, que tout le monde puisse comprendre, qui puisse toucher n’importe qui. »

Dans ses références, on trouve beaucoup de BD : « Titeuf », les mangas, Riad Sattouf. « Quand j’étais petite, je dessinais déjà beaucoup d’histoires, c’était une façon de m’extraire de la situation quotidienn­e que je vivais. J’aimerais beaucoup faire une bande dessinée sur notre histoire avec ma soeur, Lorraine, des pages faites par elle, des pages faites par moi. Une anecdote, un souvenir. C’est fou parce qu’on n’a pas les mêmes d’ailleurs. Mais l’envie de faire de ce passé traumatiqu­e quelque chose de joli estlà.»

Agathe Sorlet nourrit aussi un projet de vêtements et accessoire­s enfant. « C’est parti d’halloween à la crèche de mon fils. Et je m’y prends toujours à la dernière minute ! Du coup, le matin, j’ai dessiné sur son body des petits monstres. J’ai adoré la sensation et quand mon bébé, mon amour, a porté un habit avec mes dessins, c’était fou aussi ! » glisse l’artiste, qui s’apprête à décorer des vélos de la marque Gaya, et entend encore créer des affiches personnali­sées, entre le portrait et le poster.

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