«À Saorge, il fait bon vivre! »
Brigitte Bresc, dans son premier mandat de maire, s’attache à préserver la qualité de vie de ses administrés. Les projets touristiques sont essentiels à une commune fort contrainte dans son développement
Consciente des contraintes qui limitent de tous côtés le développement de son village, Brigitte Bresc, élue maire en 2014, s’attache à améliorer la qualité de vie des 450 âmes saorgiennes, tout en adoptant une philosophie : faire de ses faiblesses une force !
Qu’est- il urgent de réaliser à Saorge ? Un parking ! Aussi bien pour les habitants que les visiteurs. La commune a acquis un terrain du côté de la Madone pour un peu plus de euros, en vue de faire un parking d’au moins deux cents places. L’étude va être lancée cette année. C’est l’un de mes objectifs d’ici deux à trois ans. Car les choses sont très longues, et il ne suffit pas de dire qu’on va faire… il faut du temps !
Quelles sont vos préoccupations pour ? Après avoir sécurisé le village, nous allons entamer sur plusieurs années la remise en état globale de notre patrimoine religieux, qui est très délabré. D’abord le chantier de l’église et de la chapelle des Pénitents blancs, dont la façade tombe complètement. Étant donné qu’il est soumis aux contraintes dictées par l’architecte des Bâtiments de France, nous pourrons obtenir des aides pour le financement. Concernant la chapelle SaintRoch, dont la toiture a été refaite l’an passé, nous travaillons sur l’aménagement des abords du moulin. Et puis, nous nous attaquerons à la chapelle des rouges à l’entrée du village, où nous espérons aboutir en lançant un projet européen.
Vous pouvez préciser ? L’étude débutera cette année. On souhaite y aménager une maison des associations, un accueil pour le tourisme et la Poste. Et pour financer le tout, nous portons un projet européen de circuit touristique qui relierait Saorge à toute la vallée, et notamment à Breil et Borgo San Dalmazzo comme avant, car nous sommes frontaliers. Vous semblez attachée à cette double identité ? Bien sûr, de part et d’autre de la montagne, ce sont les mêmes familles, les mêmes populations! Il est important de relier tous les villages qui ont un passé commun. C’était un peu le point d’orgue de notre journée transfrontalière au col de Muratone, où plus de deux cents personnes se sont retrouvées à l’invitation des trois maires de Pigna, Rocchetta et Saorge. Depuis deux ans, nous travaillons sur un projet européen Alcotra, qui relierait la vallée de la Nervia, Pigna, Rocchetta, Airole, Breil, Saorge et La Brigue dans une appli touristique pour smartphone. Ce dossier sera déposé le février. Le tourisme et le patrimoine sont nos seules ressources.
Vous n’avez pas d’autre possibilité de développement
économique? Très limité. Notre territoire est contraint de tous côtés, car nous sommes dans le parc du Mercantour, et soumis à la loi montagne, au P.P.R. (plan de prévention des risques - il est rouge en plein d’endroits), mais aussi aux Bâtiments de France et à Natura !.. Néanmoins, avec la future carte communale, nous espérons délimiter quelques zones constructibles pour les habitants ou pour des artisans, etc. Mais ce sera restreint.
Pourquoi pas un P.L.U. ? Après le POS, nous avons choisi comme document d’urbanisme la carte communale et non le P.LU. qui nous aurait coûté plus de euros pour pas grandchose. L’enquête publique est prévue à la fin de l’année. Nous allons pouvoir ainsi garder la maîtrise sur certains endroits de notre territoire, là où on peut espérer quelque chose. Et comme je suis d’une nature optimiste, je pense qu’il faut tirer partie de nos contraintes pour garder notre qualité de vie. Car, il fait bon vivre à Saorge !
Sur quels plans ? Il n’y a pas de voiture au village, la vie associative est riche, et les jeunes peuvent s’épanouir sur le terrain de jeu et au jardin d’enfants que nous avons aménagés grâce aux fonds de concours et réserves parlementaires. Et nous devons garder le lien entre tout le monde, entre toutes les générations. C’est d’ailleurs dans ce sens que nous envisageons de créer un musée vivant dans le cadre d’un travail de la mémoire réalisé avec les anciens du village. Mais nous n’en sommes qu’au balbutiement…
L’école a été menacée à la rentrée dernière... On s’est effectivement battu l’an passé pour nos classes dans le regroupement pédagogique Fontan Saorge. On espère que ça va durer. Pas mal d’enfants sont nés et en décembre, pour la première fois, nous avons même remis à l’honneur un Père Noël à la mairie. On a besoin de plus de familles !
Et La Poste ? Nous avons choisi la formule d’une agence postale communale, qui fonctionne trois demi-journées par semaine. Les gens sont contents, mais il reste le problème du samedi matin. On verra ce que ça donne cette année. On est désormais à onze employés communaux avec la Poste.
Cela pèse-t- il sur votre budget communal ? Forcément, avec un budget d’environ euros… Nous espérons cette année faire des économies de fonctionnement vu la baisse de la dotation de l’État. Quel impact sur l’an passé? Au moins euros de perte, et on sait que ce n’est pas fini.
Allez-vous augmenter les impôts ? On ne sait pas encore. Cela n’a pas été fait depuis longtemps. On est encore en discussion. Plus que d’augmenter les impôts, on s’attelle à bien vérifier les bases. Surtout que l’on a très peu d’impôts sur la terre.
Que pensez-vous de la mutualisation ? Elle est essentielle et existe déjà entre les communes de la Roya.
Et qu’attendez-vous de la Carf ? Sur le plan des transports, on a réussi à obtenir que la ligne vienne à Saorge et La Brigue. En tant que petite commune, nous attendons de la Riviera française ce que nous n’avons pas : l’ingénierie, les compétences financières, le montage technique des dossiers et des cahiers des charges… Des efforts sont faits pour intégrer la Roya, mais ce n’est pas si simple aussi bien pour la Carf que pour nous.
Votre avis sur la ligne ferroviaire… Il ne faut pas lâcher ce dossier, le train est essentiel dans la vallée et nous restons attentifs aux propos du nouveau président de la région Christian Estrosi, tout comme à la menace de fermeture de la gare de Tende. Nous devons soutenir la population active.
Et le tunnel de Tende ? On voudrait que le conseil départemental fasse quelque chose pour réguler la circulation au tunnel. On a besoin de ce tunnel pour la sécurité, mais avec une restriction du tonnage, car la route de la Roya n’est pas faite pour ça. On est vigilant à tout ce qui se passe et en particulier à la qualité de vie dans la vallée que l’on doit préserver.
On a besoin de plus de familles ! » Hausse des impôts : en discussion »