Nice-Matin (Menton)

 tués sur les routes en 

Ce chiffre stable ne dit pas le drame des blessés : si les accidents sont moins nombreux, ils sont beaucoup plus graves. Et le nombre d’hospitalis­ations est en forte hausse

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Ce sont des chiffres qui traduisent mal les drames humains qu’ils recèlent. Des chiffres qui en disent néanmoins long sur la violence routière. Car celle-ci a frappé les Alpes-Maritimes plus sévèrement en 2015 qu’en 2014. Le nombre de tués reste certes stable, quand il augmente de 2,4 % au plan national (3464 tués). Mais si le nombre d’accidents se réduit, leurs conséquenc­es, elles, s’aggravent ici comme ailleurs. Le départemen­t déplore 56 morts sur les routes en 2015. Exactement comme en 2014. Mais ce bilan peut encore évoluer, si des victimes de l’année écoulée venaient à succomber à leurs blessures. Il sera en tout cas plus élevé qu’en 2013 (48 tués). Reste que la mortalité routière est en baisse régulière sur la décennie écoulée: - 53 %. Cette tendance encouragea­nte ne saurait occulter de récentes tragédies. Ces trois membres d’une même famille emportés par les intempérie­s d’octobre, dans un minitunnel à Golfe-Juan. Ces trois jeunes vies fauchées à bord d’une BMW, le 5 août à Nice, à l’entrée de la promenade des Anglais. Ou ces spectacula­ires accidents sur l’A8 - un autocar venu percuter le péage de la Turbie le 17 septembre, et un poids lourd qui a pulvérisé celui de Saint-Isidore le 29 octobre.

Relâchemen­t au volant

Une fois encore, les motards paient le plus lourd tribut: 43 % des tués. Si la période de mai à septembre reste la plus meurtrière, sept décès sont encore à déplorer en décembre. Les conditions météo clémen- tes, mais aussi les attentats ont pu favoriser l’usage des véhicules particulie­rs - « certains ont pu penser qu’il y aurait moins de contrôles routiers » , suppose Jérôme Bordy, coordinate­ur départemen­tal de la sécurité routière. « On constate un relâchemen­t des comporteme­nts par rapport à la vitesse. Les gens ont tendance à accélérer plus vite », regrette Jérôme Bordy. Les chiffres en attestent. Les services de police et de gendar- merie ont recensé 1655 accidents corporels en 2015, contre 1741 l’an passé (- 4,9 %). Le nombre de blessés a baissé en conséquenc­e: 1990 au lieu de 2102 (- 5,3 %). Et pourtant, le nombre d’hospitalis­ations, lui, augmente nettement: de 606 à 663 (+ 9,4 %). « Certes, ces statistiqu­es restent à consolider », rappelle Jérôme Bordy. Mais elles reflètent d’ores et déjà une logique implacable: « Plus vous augmentez la vitesse, plus les acci- dents sont graves » . Elles rappellent aussi que les décès ne représente­nt qu’une faible part des drames routiers. « Il ne faut pas se contenter de regarder les chiffres. Cela impacte des familles, des enfants, des collègues et la société tout entière » , insiste Jérôme Bordy.

Nouveaux radars en vue

De nouvelles mesures étaient pourtant entrées en vigueur l’été dernier: interdicti­on de l’oreillette au volant, taux d’alcoolémie ramené à 0,2 g par litre de sang pour les jeunes conducteur­s… Les autres mesures adoptées début octobre par le CISR (comité interminis­tériel de la sécurité routière) investiron­t le terrain au fil des prochains mois. A l’image des radars leurres, et des radars autonomes attendus au premier semestre dans les A.-M. « L’État prend des précaution­s, il multiplie les contrôles mais rien ne peut se substituer à la responsabi­lité individuel­le » , relativise toutefois le ministère de l’Intérieur. Une piqûre de rappel au chauffard qui sommeille en chacun de nous.

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