tués sur les routes en
Ce chiffre stable ne dit pas le drame des blessés : si les accidents sont moins nombreux, ils sont beaucoup plus graves. Et le nombre d’hospitalisations est en forte hausse
Ce sont des chiffres qui traduisent mal les drames humains qu’ils recèlent. Des chiffres qui en disent néanmoins long sur la violence routière. Car celle-ci a frappé les Alpes-Maritimes plus sévèrement en 2015 qu’en 2014. Le nombre de tués reste certes stable, quand il augmente de 2,4 % au plan national (3464 tués). Mais si le nombre d’accidents se réduit, leurs conséquences, elles, s’aggravent ici comme ailleurs. Le département déplore 56 morts sur les routes en 2015. Exactement comme en 2014. Mais ce bilan peut encore évoluer, si des victimes de l’année écoulée venaient à succomber à leurs blessures. Il sera en tout cas plus élevé qu’en 2013 (48 tués). Reste que la mortalité routière est en baisse régulière sur la décennie écoulée: - 53 %. Cette tendance encourageante ne saurait occulter de récentes tragédies. Ces trois membres d’une même famille emportés par les intempéries d’octobre, dans un minitunnel à Golfe-Juan. Ces trois jeunes vies fauchées à bord d’une BMW, le 5 août à Nice, à l’entrée de la promenade des Anglais. Ou ces spectaculaires accidents sur l’A8 - un autocar venu percuter le péage de la Turbie le 17 septembre, et un poids lourd qui a pulvérisé celui de Saint-Isidore le 29 octobre.
Relâchement au volant
Une fois encore, les motards paient le plus lourd tribut: 43 % des tués. Si la période de mai à septembre reste la plus meurtrière, sept décès sont encore à déplorer en décembre. Les conditions météo clémen- tes, mais aussi les attentats ont pu favoriser l’usage des véhicules particuliers - « certains ont pu penser qu’il y aurait moins de contrôles routiers » , suppose Jérôme Bordy, coordinateur départemental de la sécurité routière. « On constate un relâchement des comportements par rapport à la vitesse. Les gens ont tendance à accélérer plus vite », regrette Jérôme Bordy. Les chiffres en attestent. Les services de police et de gendar- merie ont recensé 1655 accidents corporels en 2015, contre 1741 l’an passé (- 4,9 %). Le nombre de blessés a baissé en conséquence: 1990 au lieu de 2102 (- 5,3 %). Et pourtant, le nombre d’hospitalisations, lui, augmente nettement: de 606 à 663 (+ 9,4 %). « Certes, ces statistiques restent à consolider », rappelle Jérôme Bordy. Mais elles reflètent d’ores et déjà une logique implacable: « Plus vous augmentez la vitesse, plus les acci- dents sont graves » . Elles rappellent aussi que les décès ne représentent qu’une faible part des drames routiers. « Il ne faut pas se contenter de regarder les chiffres. Cela impacte des familles, des enfants, des collègues et la société tout entière » , insiste Jérôme Bordy.
Nouveaux radars en vue
De nouvelles mesures étaient pourtant entrées en vigueur l’été dernier: interdiction de l’oreillette au volant, taux d’alcoolémie ramené à 0,2 g par litre de sang pour les jeunes conducteurs… Les autres mesures adoptées début octobre par le CISR (comité interministériel de la sécurité routière) investiront le terrain au fil des prochains mois. A l’image des radars leurres, et des radars autonomes attendus au premier semestre dans les A.-M. « L’État prend des précautions, il multiplie les contrôles mais rien ne peut se substituer à la responsabilité individuelle » , relativise toutefois le ministère de l’Intérieur. Une piqûre de rappel au chauffard qui sommeille en chacun de nous.