Nice-Matin (Menton)

Cinq ans ferme pour avoir incendié la voiture d’un policier de Menton

- CH. P.

Cinq Mentonnais (âgés de 21 à 36 ans) issus de la cité HLM des Résédas reviennent d’une virée en Italie en juin 2015 et décident alors d’un « barbecue ». Dans leur langage, un incendie criminel. La Peugeot 308 d’un policier du commissari­at local est repérée. Deux membres de l’équipée, Jonathan Da Conceicao et Brahim Ben Haouideg, les plus connus de la justice et les plus vindicatif­s à l’égard de la police, trouvent des petites mains facilement. Leur copain Helder Jacinto va siphonner le réservoir de son scooter pour confection­ner une bouteille incendiair­e. David Multari utilise-til son briquet ? A 3 h 30 la voiture s’embrase. Le bruit de l’éclatement des pneus réveille l’épouse enceinte du policier qui, lui, est alors en service.

Représaill­es de dealers ?

Antony Meunier, au volant de la voiture des pyromanes, démarre en trombe mais deux Italiens relèvent le numéro d’immatricul­ation. Les cinq compères se retrouvaie­nt hier devant le tribunal cor- rectionnel de Nice pour destructio­n d’objet par incendie. En face d’eux, deux policiers en civil, l’un victime de la destructio­n de sa voiture, l’autre menacé de mort. L’affaire révèle un climat particuliè­rement détestable entre la police local et certains jeunes oisifs. Me Catherine Cottray-Lanfranchi, au nom des policiers, rappelle que l’épouse d’un fonctionna­ire a vu son salon de coiffure incendié. Elle avance une hypothèse : le démantèlem­ent quelques mois auparavant d’un trafic de drogue dans le quartier. Empêcheurs de dealer en rond, les policiers mentonnais auraient été la cible de représaill­es. « Ce n’est pas ma personne qui est visée. Je pense que c’est davantage l’institutio­n », explique un policier. Son collègue l’affirme : « Il y a des dealers dans le box mais aussi dans la salle. » Da Conceicao, 21 ans, crie à l’injustice, mis en cause par Munier : « C’est pas humain de mettre des gens dans des histoires alors qu’ils n’ont rien fait. C’est de l’acharnemen­t. » Son avocat, Me Garino, plaide la relaxe, rappelle que son client a été victime par le passé de provocatio­n d’un policier pendant une garde à vue.

« Aucun doute sur leur culpabilit­é »

Son voisin et complice présumé, Ben Haouideg, reste muet. Il a choisi de ne pas répondre aux questions et de laisser Me Pazzano plaider lui aussi une relaxe très incertaine. Le procureur Julie Rouillard n’a aucun doute sur la culpabilit­é des prévenus : elle rappelle les aveux circonstan­ciés de Jacinto dans une lettre adressée à sa mère, Meunier qui, d’une voix tremblante, tant il est menacé, con- firme que la voiture ciblée n’était pas choisie au hasard. « M. Meunier n’avait pas le choix. Il a agi sous la contrainte. C’est pourquoi je vous demande sa relaxe », plaide Me Adad. Me Diodoro, avoue renoncer séparer le bon grain de l’ivraie. Il décompte « quinze voire dix-sept versions différente­s » de la part « d’adulescent­s ». Il « invite le tribunal à retenir que son client était dans la voiture, il n’a rien fait pour empêcher la commission de l’infraction et il assumera sa responsabi­lité. » Un chèque de 1 000 euros est remis le jour même au policier victime. A la fin d’une après-midi de débat, le jugement tombe. Quatre et cinq ans ferme contre les commandita­ires Conceicao et Ben Haouideg. Trois ans à Multari et Jacinto. Deux ans avec suris à Meunier. Si la bande paraît plus désunie que jamais, les réactions sont vives. Gendarmes et policiers ont bien du mal à contenir Conceicao, très énervé, alors que des femmes hurlent leur colère.

 ??  ?? Des jeunes de la cité des Résédas à Menton ont été condamnés pour s’en être pris aux biens de policiers. (Photo G. R.)
Des jeunes de la cité des Résédas à Menton ont été condamnés pour s’en être pris aux biens de policiers. (Photo G. R.)

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