Cinq ans d’attente avant d’obtenir satisfaction
Roquestéron-Grasse se nomme officiellement La Roque-en-Provence depuis un décret du 16 novembre 2015 et la publication au Journal officiel du 18 novembre. C’est le maire Joseph Valette qui a porté ce changement de nom. « Il arrivait très régulièrement que des courriers et des colis s’égarent à Grasse. Autant dire que c’était compliqué de dire aux livreurs de reprendre la route vers l’Estéron! » , justifie-t-il. Mais le méli-mélo administratif touchait également le village, situé de l’autre côté du pont qui enjambe la rivière. « On confond systématiquement Roquestéron et Roquestéron-Grasse, par exemple pour les actes de décès. Un jour, nos subventions ont été attribuées chez le voisin. Finalement, l’erreur a pu être corrigée. » L’élu a d’abord fait une demande de changement de nom en 2010 pour « La Roque-Estéron ». La requête n’a pas été acceptée par les services de l’État. « Nos arguments n’étaient pas suffisants à l’époque… » Et un jour, la situation ubuesque de trop. « La cave d’un habitant s’est effondrée et je craignais pour sa sécurité. J’ai fait une déclaration de péril imminent auprès de la préfecture. Finalement, la lettre s’est perdue et l’ingénieur qui devait constater les faits n’est venu que plusieurs jours plus tard… Là, je me suis dit qu’on marchait vraiment sur la tête! » En février 2014, le conseil municipal vote le dépôt d’une seconde candidature. Cette fois-ci, le nom de « La Roque-en-Provence » est retenu. Il fait référence à l’histoire de la commune. Entre 1793 et 1798, les archives municipales orthographient le village de différentes façons. Un nom revient régulièrement: La Roquestéron. « Commencer par « La Roque » m’a semblé logique », détaille le maire. En revanche, « Provence » n’a pas été compris de tous les habitants et le premier magistrat argumente: « Dans l’histoire, nous avons fait partie de l’ancienne région Provence! »
Pas d’union avec Roquestéron
Il aura fallu attendre cinq ans. Du coup, on peut se demander si une union entre Roquestéron et Roquestéron-Grasse n’aurait pas été plus simple? Une solution impensable pour Joseph Valette. « Ça serait compliqué aujourd’hui. Déjà parce que nous ne faisons pas partie de la même communauté de communes. » (1) Le maire évoque également la scission des deux villages en… 1760. Le cours de l’Estéron devient alors la frontière entre La Roque-en-Provence appartenant à la France et Roquestéron à la maison de Savoie… « Les deux communes ont évo- lué différemment et cette séparation est restée dans les mémoires. » A contrario, La Roque-en-Provence pourrait mettre du temps à s’inscrire dans les mémoires des habitants. « Le nom est joliment trouvé mais j’avoue que j’aurais dû mal à m’y faire. Pour moi, je vivrai toujours à Roquestéron! » , concède Toussainte Lanfranchi. La retraitée réside au village depuis plus de cinquante ans et ce changement bouleverse son quotidien. « Pour la banque ou les assurances, faudra-t-il changer toutes les adresses? » Joseph Valette rassure: « Le code postal ne change pas et la transition se fera petit à petit. » En cas de doute, il invite les habitants à indiquer « La Roque-en-Provence, anciennement Roquestéron-Grasse » sur leurs courriers… Un peu théâtral mais fiable. 1. Lacommunauté d’agglomération de SophiaAntipolis (Casa) pour La Roque-en-Provence et la communauté de communes desAlpes d’Azur (CCAA) pour Roquestéron.