Nice-Matin (Menton)

Historia reboosté avec une nouvelle formule

Le magazine historique reste leader en kiosque mais les concurrent­s sont nombreux: l’occasion de se relancer en « collant » plus à l’actualité

- ALAIN MAESTRACCI

Le mensuel Historia est leader dans la presse culturelle historique. En France il est, chaque mois, diffusé à près de 54000 exemplaire­s. Mais voilà l’histoire plaît et le magazine, disons historique puisqu’il existe, tout de même, depuis décembre 1909, est attaqué de toutes parts en kiosque – une cinquantai­ne de titres – d’où la nécessité de se renouveler en proposant une nouvelle formule. Le deuxième numéro de cet Historia rénové est en kiosque depuis jeudi, l’occasion de parler de cette nouvelle formule avec Eric Pincas, rédacteur en chef du magazine.

Pourquoi avoir changé de formule? L’idée c’est de créer une nouvelle formule plus ancrée dans son époque, connectée à l’actualité et cela d’autant plus que l’on est aujourd’hui livré à l’instantané­ité de l’informatio­n. Un magazine comme Historia doit apporter un peu de recul, de réflexion. C’est un privilège de pouvoir prendre le temps de décrypter le présent à la lumière du passé.

Qu’avez-vous changé par rapport à la formule précédente? Nous avons surtout voulu restructur­er le magazine, le rendre plus nerveux, lui redonner une dynamique qu’il avait perdue. Cela passe, par exemple, par des dossiers plus concis: nos dossiers faisaient quand même trente pages! On est descendu à vingt pages, c’est beaucoup sans doute, mais ça demande d’importants efforts de concision aux rédacteurs car l’histoire est riche. Ça passe également par le retour du récit d’histoire sous forme d’enquêtes, de reportages, de portraits, de récits de bataille…

Il y a également un récit régional? Nous voulons parler de l’histoire locale à travers un grand personnage ou un grand événement. Dans ce cas-là, la une du magazine sera axée sur ce sujet dans la région concernée.

Et ensuite, quoi de neuf? On débute avec la rubrique « événement ». En janvier, on s’est intéressé aux milliardai­res qui veulent prendre le pouvoir, en février on traite du retour d’Hitler dans le monde de l’édition. Et puis, en fin de journal, on a une séquence culture avec les expos du moment, une séquence média (cinéma, télé, jeux...), les livres évidemment et une rubrique voyages.

Dans le numéro de janvier, il y avait un récit sur la saga Volkswagen avec un titre un peu ironique: « Deutsche qualität » ! Oui voilà, l’idée c’est de rebondir sur des faits de sociétés, des scandales économique­s, politiques, industriel­s, pour voir ce que cette histoire nous raconte au- delà de l’actualité. Ici cela a sans doute permis à de nombreux lecteurs d’apprendre que la Volkswagen était une volonté du Führer dans les années trente. Nous voulons ainsi proposer de l’histoire vivante, plaisante afin de désinhiber le lecteur car Historia n’est pas un magazine pour intellos mais pour le grand public qui a soif d’apprendre.

Et côté numérique? On a un chantier en cours. Nous allons proposer à terme une base de données numérique très importante avec nos  ans d’existence. Et puis on pourrait faire preuve de plus de spontanéit­é et rebondir sur l’actualité de manière plus immédiate. Ce qui sera un bon complément avec la formule papier mensuelle.

Les émissions d’histoire à la télé, à la radio se multiplien­t, comment expliquez-vous cet engouement? L’histoire reste une passion française: il y a vraiment ce souci d’entretenir la mémoire ne serait-ce que parce qu’on est un pays avec une très longue histoire et une histoire riche. Et je le répète: dans une société où tout va très vite, l’histoire est un moment de pause. A la lumière du passé, on essaye de prendre du recul, de mettre en perspectiv­e et cela manque beaucoup dans notre quotidien qui est devenu une société de zapping. L’histoire repose les bases, redonne des repères aux gens... c’est un peu le proverbe africain, certes galvaudé mais toujours valable: “Pour savoir où tu vas, il faut savoir d’où tu viens”.

« L’histoire ce n’est pas que des guerres, des conflits ou des choses atroces. L’Histoire c’est aussi le rêve… »

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