Nice-Matin (Menton)

Affaire Pastor : le sort du gendre se joue en cassation

La défense de Wojciech Janowski a plaidé devant la juridictio­n suprême jeudi. Objectif : faire invalider la garde à vue du commandita­ire présumé du double assassinat. Décision d’ici un mois

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Une confirmati­on ou un coup de théâtre. Il n’y aura pas de place pour la demi-mesure quand la Cour de cassation rendra sa décision, d’ici un mois, sur la validité de la garde à vue de Wojciech Janowski. Il s’agit là de l’ultime péripétie judiciaire à même de faire basculer l’affaire Pastor et le sort de Janowski, commandita­ire présumé du double assassinat du 6 mai 2014. Ce soir-là à Nice, deux hommes abattent froidement Hélène Pastor et son majordome Mohamed Darwich. Le 23 juin, un vaste coup de filet envoie une vingtaine de suspects en garde à vue. C’est là, dans les locaux de la police judiciaire de Nice, que le gendre de la milliardai­re monégasque finit par craquer et avouer être le grand ordonnateu­r du crime.

Rebondisse­ments

Wojciech Janowski reviendra sur ses aveux peu après sa mise en examen. Et sa défense entend bien les faire oublier, en obtenant la nullité de la garde à vue. C’est en ce sens que Me Patrice Spinosi, selon nos informatio­ns, a plaidé avant-hier devant la Cour de cassation. Lors de l’audience devant la juridictio­n suprême, la défense de Janowski a fait valoir les arguments déjà avancés devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence : l’ex-consul de Pologne à Monaco n’a reçu l’assistance ni d’un avocat, ni d’un interprète. Il n’en avait, à vrai dire, pas exprimé le besoin. Selon ses avocats, Wojciech Janowski se serait ravisé en cours d’interrogat­oire, et en aurait été dissuadé par les enquêteurs.

« Cas désespéré »

De quoi ébranler tout l’édifice du dossier, présenté comme un modèle du genre par le procureur de Mar- seille Brice Robin ? Le parquet général en doute. A l’instar des parties civiles. À leurs yeux, les arguments de la défense sont infondés et ne pourront sauver un Janowski acculé de toutes parts. « Les moyens de nullité sont à l’image de sa situation : désespérée, assène l’avocat Franck de Vita, conseil de Claude Pallanca, l’ex-mari d’Hélène Pastor. Si la garde à vue venait à tomber, cela constituer­ait un séisme majeur, qui remettrait en cause l’équilibre du procès. Mais pour moi, ça ne tient pas debout. »

Enjeu majeur

Si la cour juge la garde à vue valide, plus rien ne s’opposera au renvoi de Janowski devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, vraisembla­blement à l’horizon 2017. Pour lui, casser la procédure sur la forme représente donc un enjeu majeur. Car sur le fond, ses avocats auront fort à faire. Outre ces aveux, le dossier instruit par le juge Christophe Perruaux à la Jirs (juridictio­ns interrégio­nales spécialisé­es) de Marseille s’appuie sur des écoutes téléphoniq­ues, des mouvements de fonds suspects ou encore les accusation­s du coach sportif de Janowski. L’enquête de la PJ, qui touche à sa fin, a permis d’incarcérer huit suspects. Tous encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Pour Me Gérard Baudoux, l’avocat de Gildo Pastor (le fils d’Hélène), « il existait des éléments graves et concordant­s au moment de leurs mises en examen. En bout de course, il existe suffisamme­nt de charges, sinon de preuves, pour renvoyer tout le monde devant les assises ».

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