Toulon : six mois requis contre l’ex-patron de Radio Vitamine
Plus de deux heures de réquisitions minutieuses consacrées à disséquer, point par point, les faits reprochés depuis mercredi à quatre prévenus, dont l’ancien responsable de Radio Vitamine, devant le tribunal correctionnel de Toulon. Pour le procureur Nicolas Kerfridin, il y a bien eu abus de biens sociaux, abus de confiance et faux. Au terme des trois journées d’audience, il a estimé que les faits sont « ca-rac-té-ri-sés » et le tribunal ne peut qu’entrer en voie de condamnation. Des peines de trois mois de prison avec sursis à six mois ferme et des amendes allant jusqu’à 100000 € ont été réclamées.
Dossier lourd sur fond de conflits familiaux
En abordant un dossier qu’il a qualifié de « lourd avec ses 5000 cotes », il a eu une pensée pour les salariés et la disparition d’une radio qui faisait partie du quotidien. « Un gâchis humain », a-t-il ajouté. Et puis, il a évoqué successivement les détournements d’une partie des dividendes au profit de M. Groune, les rémunérations excessives, le comptable qui demande des factures pendant sept ans mais qui ne s’inquiète pas de ne pas les obtenir. « En vue d’un contrôle fiscal, on décide de rédiger sciemment des fausses factures. Soit ça passe et ça ne coûte rien. Soit ça ne passe pas et ça coûte cher, avec un renvoi de- vant le tribunal. » Le tout dans un climat délétère, sur fond de conflits familiaux entre frères et soeurs. Pointé du doigt, l’absence de formalisme au sein des structures de la radio. « Produisez les factures et les PV d’assemblées générales! Il faut que cela soit transparent. Vous ne prenez même pas la peine de faire transiter l’argent par la personne morale. Vous déposez sur votre compte personnel », a-t-il déclaré à l’adresse de Lazare Groune. Pour le représentant du parquet, il n’y a aucun doute sur la culpabilité des quatre prévenus : l’ex-patron de radio, une de ses amies venue l’aider bénévolement, le comptable et le directeur général de la radio.
Délibéré le avril
Le premier à être visé par les réquisitions a été Lazare Groune, qualifié de gérant-dirigeant-président. Il a « utilisé dans son propre intérêt et au détriment de la société plusieurs centaines de milliers d’euros ». Une peine de trois ans de prison, dont trente mois avec sursis, 100000 € d’amende et une interdiction de gérer durant trois ans est demandée. « Le temps qu’il réfléchisse, car il n’a pas encore compris. ». Pour M. Bassac, le comptable qui a « aussi » fait son travail au-delà des faits reprochés et « impliqué d’une manière bien différente », le représentant du ministère public sollicite un an de prison avec sursis et 20 000 € d’amende. « Vous êtes une personne courageuse dans ce dossier. Vous aviez compris que vous aviez fait une énorme bourde », lui avait adressé un peu plus tôt le procureur. Contre Mme Rejani, venue à la rescousse « par amitié, par passion », quatre mois de prison avec sursis et 10000 € d’amende sont demandés. Enfin, trois mois de prison avec sursis et 5000 € d’amende sont requis pour M. Fusi, l’ancien directeur général fraîchement recruté. Il n’a pas réclamé d’interdiction de gérer pour les trois derniers prévenus; estimant que les « événements » qui les ont conduits à la barre étaient de nature exceptionnelle et qu’il y a des chances que cela ne se reproduise plus ». L’affaire a été mise en délibéré par Mme Diwo, la présidente. Le jugement sera rendu le 25 avril.