Vous avez dit orgasme?
Elles éprouvent du désir, et même du plaisir, mais n’arrivent pas à atteindre le point culminant du plaisir sexuel. Ce qu’il faut savoir sur l’anorgasmie
C’est en France que les difficultés à atteindre l’orgasme affectent le plus de femmes. Triste fait, mis en lumière par l’enquête internationale publiée
(1) en décembre dernier à l’occasion de la « Journée Mondiale de l’Orgasme » (lire ci-contre). Pourquoi ces difficultés ? Qu’est- ce que l’orgasme? Tour d’horizon des questions que vous vous posez (ou pas) avec Claude Genna, sexologue clinicien et cofondateur de l’association ASCA( regroupe les praticiens de
2) sexologie dans la région Paca (www.sexopaca.fr)
L’orgasme correspond à des réactions physiologiques précises. VRAI. Parmi ces modifications, on peut citer une augmentation du rythme cardiaque (il atteint à battements par minute), de la tension artérielle (de - mm Hg pression systolique) et même du taux circulant de certaines hormones : prolactine, vasopressine, adrénaline et ocytocine…
Il est globalement identique chez toutes les femmes. FAUX. Il est propre à chaque femme. Certaines l’atteignent très rapidement (quelques minutes), d’autres plus lentement… Il peut être répétitif ou pas… Il faut distinguer l’orgasme clitoridien de l’orgasme vaginal. VRAI. L’orgasme clitoridien, indispensable pour beaucoup de femmes, se caractérise par un plaisir physique très intense. Il est relativement court et correspond à des contractions (spasmes) qui le rendent facile à identifier. L’orgasme vaginal, plus diffus dans le corps, dure plus longtemps et il est plus satisfaisant psychologiquement.
L’incapacité à atteindre l’orgasme (anorgasmie) peut résulter de la prise de certains médicaments. VRAI. Des médicaments utilisés contre la dépression, l’anxiété, mais aussi l’hypertension ou encore des désordres hormonaux sont réputés pouvoir causer des effets indésirables de nature sexuelle.
L’anorgasmie est purement d’origine physiologique. FAUX. On note également une dimension émotionnelle : les femmes qui se plaignent de ce trouble ont souvent une image de soi assez négative, un manque de confiance, des pensées négatives, des croyances limitantes, des fausses attentes ou des idées irrationnelles.
L’anorgasmie peut être primaire ou secondaire. VRAI. Une anorgasmie qui a toujours existé est dite primaire. Si la femme a déjà connu l’orgasme, elle est dite secondaire. L’anorgasmie peut être absolue, ou « situationnelle » (si l’orgasme est atteint uniquement par masturbation par exemple). L’imaginaire ou des problèmes relationnels peuvent être en cause. VRAI. On retrouve souvent un imaginaire assez pauvre. Le climat conjugal influence également de façon significative la fréquence et la qualité des activités sexuelles, ainsi que les troubles liés au fonctionnement sexuel de la femme.
L’orgasme s’apprend. VRAI. Oui, avec l’aide d’un sexothérapeute qui va proposer d’agir sur tous les critères absents ou insuffisamment développés. 1. Enquête Ifop / CAM4 auprès de 8 000 femmes âgées de 18 à 69 ans, résidant en Italie, Espagne, France, Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni, ÉtatsUnis, Canada… 2. Les autres membres fondateurs sont les Drs Carol Burté, Stephen Reicheinbach, Alain Espesset et Alain Maire
L’analyse de François Kraus, directeur d’étude à l’Ifop « Si les Françaises souffrent de plus de difficultés à jouir que les autres femmes occidentales, ce n’est pas seulement en raison de certaines de leurs particularités (taux élevés d’activité, de célibat, consommation importante de médicaments…). Ça tient aussi au fait que les Françaises pratiquent moins souvent les techniques permettant en général de jouir plus facilement comme la masturbation ou la double stimulation (clitoridienne et vaginale). En effet, en France plus qu’ailleurs, l’accès des femmes à l’orgasme semble freiné par une sexualité de couple encore trop « phallocentrée » : les pratiques sexuelles réalisées le plus fréquemment (ex: pénétration vaginale) n’étant pas celles qui favorisent le plus l’orgasme féminin. »
Sexologueclinicien