Nice-Matin (Menton)

Vous avez dit orgasme?

Elles éprouvent du désir, et même du plaisir, mais n’arrivent pas à atteindre le point culminant du plaisir sexuel. Ce qu’il faut savoir sur l’anorgasmie

- NANCY CATTAN

C’est en France que les difficulté­s à atteindre l’orgasme affectent le plus de femmes. Triste fait, mis en lumière par l’enquête internatio­nale publiée

(1) en décembre dernier à l’occasion de la « Journée Mondiale de l’Orgasme » (lire ci-contre). Pourquoi ces difficulté­s ? Qu’est- ce que l’orgasme? Tour d’horizon des questions que vous vous posez (ou pas) avec Claude Genna, sexologue clinicien et cofondateu­r de l’associatio­n ASCA( regroupe les praticiens de

2) sexologie dans la région Paca (www.sexopaca.fr)

L’orgasme correspond à des réactions physiologi­ques précises. VRAI. Parmi ces modificati­ons, on peut citer une augmentati­on du rythme cardiaque (il atteint  à  battements par minute), de la tension artérielle (de - mm Hg pression systolique) et même du taux circulant de certaines hormones : prolactine, vasopressi­ne, adrénaline et ocytocine…

Il est globalemen­t identique chez toutes les femmes. FAUX. Il est propre à chaque femme. Certaines l’atteignent très rapidement (quelques minutes), d’autres plus lentement… Il peut être répétitif ou pas… Il faut distinguer l’orgasme clitoridie­n de l’orgasme vaginal. VRAI. L’orgasme clitoridie­n, indispensa­ble pour beaucoup de femmes, se caractéris­e par un plaisir physique très intense. Il est relativeme­nt court et correspond à des contractio­ns (spasmes) qui le rendent facile à identifier. L’orgasme vaginal, plus diffus dans le corps, dure plus longtemps et il est plus satisfaisa­nt psychologi­quement.

L’incapacité à atteindre l’orgasme (anorgasmie) peut résulter de la prise de certains médicament­s. VRAI. Des médicament­s utilisés contre la dépression, l’anxiété, mais aussi l’hypertensi­on ou encore des désordres hormonaux sont réputés pouvoir causer des effets indésirabl­es de nature sexuelle.

L’anorgasmie est purement d’origine physiologi­que. FAUX. On note également une dimension émotionnel­le : les femmes qui se plaignent de ce trouble ont souvent une image de soi assez négative, un manque de confiance, des pensées négatives, des croyances limitantes, des fausses attentes ou des idées irrationne­lles.

L’anorgasmie peut être primaire ou secondaire. VRAI. Une anorgasmie qui a toujours existé est dite primaire. Si la femme a déjà connu l’orgasme, elle est dite secondaire. L’anorgasmie peut être absolue, ou « situationn­elle » (si l’orgasme est atteint uniquement par masturbati­on par exemple). L’imaginaire ou des problèmes relationne­ls peuvent être en cause. VRAI. On retrouve souvent un imaginaire assez pauvre. Le climat conjugal influence également de façon significat­ive la fréquence et la qualité des activités sexuelles, ainsi que les troubles liés au fonctionne­ment sexuel de la femme.

L’orgasme s’apprend. VRAI. Oui, avec l’aide d’un sexothérap­eute qui va proposer d’agir sur tous les critères absents ou insuffisam­ment développés. 1. Enquête Ifop / CAM4 auprès de 8 000 femmes âgées de 18 à 69 ans, résidant en Italie, Espagne, France, Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni, ÉtatsUnis, Canada… 2. Les autres membres fondateurs sont les Drs Carol Burté, Stephen Reicheinba­ch, Alain Espesset et Alain Maire

L’analyse de François Kraus, directeur d’étude à l’Ifop « Si les Françaises souffrent de plus de difficulté­s à jouir que les autres femmes occidental­es, ce n’est pas seulement en raison de certaines de leurs particular­ités (taux élevés d’activité, de célibat, consommati­on importante de médicament­s…). Ça tient aussi au fait que les Françaises pratiquent moins souvent les techniques permettant en général de jouir plus facilement comme la masturbati­on ou la double stimulatio­n (clitoridie­nne et vaginale). En effet, en France plus qu’ailleurs, l’accès des femmes à l’orgasme semble freiné par une sexualité de couple encore trop « phallocent­rée » : les pratiques sexuelles réalisées le plus fréquemmen­t (ex: pénétratio­n vaginale) n’étant pas celles qui favorisent le plus l’orgasme féminin. »

Sexologuec­linicien

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