VIH et IST : agir contre le danger de la banalisation
La prévention contre le virus du SIDA, les infections sexuellement transmissibles et les hépatites se réorganise. L’occasion de faire le point sur ces épidémies et la recherche
C’est un peu plus qu’un changement de sigle. Depuis début janvier, les centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) du virus du SIDA (VIH) et les centres d’information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles (CIDDIST) ont été remplacés par les CeGIDD. Ces centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic des infections par le VIH, les hépatites virales et les infections sexuellement transmissibles (IST) regroupent les missions des deux anciennes entités et prennent en charge, en plus, des missions d’information et de prévention auprès des populations les plus à risque. À l’occasion de l’ouverture du CeGIDD Var Ouest 1), son responsa
( ble, le Docteur Alain Lafeuillade, qui dirige également le service d’infectiologie de l’hôpital Saint Musse à Toulon, explique à quel point les missions de prévention, tout comme la recherche sur le VIH, restent essentielles pour lutter contre une épidémie qu’on a facilement tendance à oublier.
Le virus du SIDA, tout le monde connaît. Pourquoi investir dans des missions de prévention qui coûtent cher? Aujourd’hui, avec la simplification des traitements, la maladie a subi l’usure du temps. Ce n’est plus une maladie “à la mode”, c’est devenu une maladie chronique. Et les gens se disent : après tout, un comprimé ou deux à avaler tous les jours, ce n’est rien! Or ce n’est pas rien! En l’état actuel de la recherche, quand on est séropositif à ans et qu’on débute une trithérapie, c’est pour la vie. Et personne ne sait quels effets secondaires ces produits peuvent avoir sur une telle durée. Ce n’est pas rien non plus parce qu’en moyenne, ce traitement coûte euros par mois à l’assurance-maladie et à la société. Les gens ne sont pas très sensibles à cette dimension économique.
La prévention serait donc une arme contre la banalisation du risque? Le VIH est effectivement banalisé, en particulier parmi les populations qu’on appelle les HSH (hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes). Un pourcentage non négligeable d’entre eux ne se considère pas comme homosexuel. Parmi les nouvelles séropositivités en Paca, % concernent ces populations. Et les moins de ans représentent % des découvertes. Mais, il ne s’agit pas revenir dans un schéma où on restigmatise.
Les nouvelles contaminations ne sont pas si nombreuses… Sept milles nouveaux patients sont dépistés chaque année en France, auxquels il faut ajouter les personnes qui, selon les estimations, ignorent leur séropositivité! Au total, personnes infectées sont suivies. Et la région Paca reste la deuxième région de France la plus touchée par l’épidémie. On sait désormais qu’on peut vivre des années avec le VIH. Les trithérapies fonctionnent bien. À quoi sert encore la recherche? D’abord, comme pour toute maladie infectieuse, le médecin et le chercheur que je suis n’a envie que d’une chose : l’éradiquer! Cela concerne quand même millions de personnes dans le monde et les conséquences sociales de l’épidémie sont gigantesques. Il faut continuer à chercher parce que l’horizon concernant le vaccin préventif est toujours aussi loin qu’il y a dix ans. Tous les essais permettent de découvrir de nouvelles questions auxquelles on n’avait pas pensé. On avance… mais sans toujours se rapprocher du but.
Et le vaccin thérapeutique? Il y a un espoir. Il existe des recherches actives pour trouver un vaccin permettant aux patients de développer, de stimuler une immunité que le virus bloque totalement. Même chez ceux qui sont sous trithérapie efficace, avec une charge virale indétectable. Il permettrait de lutter contre les infections opportunistes mais aussi contre le VIH lui-même dont la charge remonte inévitablement dans les quinze jours qui suivent l’arrêt d’une trithérapie. En résumé, ce vaccin ferait le travail que fait à l’heure actuelle la trithérapie.
Une échéance? Il faut bien compter dix ans encore… D’ici là, la prévention et la recherche restent nos seules armes!
1. www.cegidd-83.fr - Tél : 04.94.14.50.56.