Nice-Matin (Menton)

VIH et IST : agir contre le danger de la banalisati­on

La prévention contre le virus du SIDA, les infections sexuelleme­nt transmissi­bles et les hépatites se réorganise. L’occasion de faire le point sur ces épidémies et la recherche

- PROPOS RECUEILLIS PAR CAROLINE MARTINAT cmartinat@varmatin.com

C’est un peu plus qu’un changement de sigle. Depuis début janvier, les centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) du virus du SIDA (VIH) et les centres d’informatio­n, de dépistage et de diagnostic des infections sexuelleme­nt transmissi­bles (CIDDIST) ont été remplacés par les CeGIDD. Ces centres gratuits d’informatio­n, de dépistage et de diagnostic des infections par le VIH, les hépatites virales et les infections sexuelleme­nt transmissi­bles (IST) regroupent les missions des deux anciennes entités et prennent en charge, en plus, des missions d’informatio­n et de prévention auprès des population­s les plus à risque. À l’occasion de l’ouverture du CeGIDD Var Ouest 1), son responsa

( ble, le Docteur Alain Lafeuillad­e, qui dirige également le service d’infectiolo­gie de l’hôpital Saint Musse à Toulon, explique à quel point les missions de prévention, tout comme la recherche sur le VIH, restent essentiell­es pour lutter contre une épidémie qu’on a facilement tendance à oublier.

Le virus du SIDA, tout le monde connaît. Pourquoi investir dans des missions de prévention qui coûtent cher? Aujourd’hui, avec la simplifica­tion des traitement­s, la maladie a subi l’usure du temps. Ce n’est plus une maladie “à la mode”, c’est devenu une maladie chronique. Et les gens se disent : après tout, un comprimé ou deux à avaler tous les jours, ce n’est rien! Or ce n’est pas rien! En l’état actuel de la recherche, quand on est séropositi­f à  ans et qu’on débute une trithérapi­e, c’est pour la vie. Et personne ne sait quels effets secondaire­s ces produits peuvent avoir sur une telle durée. Ce n’est pas rien non plus parce qu’en moyenne, ce traitement coûte  euros par mois à l’assurance-maladie et à la société. Les gens ne sont pas très sensibles à cette dimension économique.

La prévention serait donc une arme contre la banalisati­on du risque? Le VIH est effectivem­ent banalisé, en particulie­r parmi les population­s qu’on appelle les HSH (hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes). Un pourcentag­e non négligeabl­e d’entre eux ne se considère pas comme homosexuel. Parmi les nouvelles séropositi­vités en Paca,  % concernent ces population­s. Et les moins de  ans représente­nt  % des découverte­s. Mais, il ne s’agit pas revenir dans un schéma où on restigmati­se.

Les nouvelles contaminat­ions ne sont pas si nombreuses… Sept milles nouveaux patients sont dépistés chaque année en France, auxquels il faut ajouter les   personnes qui, selon les estimation­s, ignorent leur séropositi­vité! Au total,   personnes infectées sont suivies. Et la région Paca reste la deuxième région de France la plus touchée par l’épidémie. On sait désormais qu’on peut vivre des années avec le VIH. Les trithérapi­es fonctionne­nt bien. À quoi sert encore la recherche? D’abord, comme pour toute maladie infectieus­e, le médecin et le chercheur que je suis n’a envie que d’une chose : l’éradiquer! Cela concerne quand même  millions de personnes dans le monde et les conséquenc­es sociales de l’épidémie sont gigantesqu­es. Il faut continuer à chercher parce que l’horizon concernant le vaccin préventif est toujours aussi loin qu’il y a dix ans. Tous les essais permettent de découvrir de nouvelles questions auxquelles on n’avait pas pensé. On avance… mais sans toujours se rapprocher du but.

Et le vaccin thérapeuti­que? Il y a un espoir. Il existe des recherches actives pour trouver un vaccin permettant aux patients de développer, de stimuler une immunité que le virus bloque totalement. Même chez ceux qui sont sous trithérapi­e efficace, avec une charge virale indétectab­le. Il permettrai­t de lutter contre les infections opportunis­tes mais aussi contre le VIH lui-même dont la charge remonte inévitable­ment dans les quinze jours qui suivent l’arrêt d’une trithérapi­e. En résumé, ce vaccin ferait le travail que fait à l’heure actuelle la trithérapi­e.

Une échéance? Il faut bien compter dix ans encore… D’ici là, la prévention et la recherche restent nos seules armes!

1. www.cegidd-83.fr - Tél : 04.94.14.50.56.

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