Nice-Matin (Menton)

Thomas Sonetti, le coeur rouge et noir

RUGBY TOP 14 (14e J.) / TOULON-STADE FRANÇAIS, DEMAIN À NICE

- ROMAIN BOISAUBERT

Avril 2013. Thomas Sonetti, capitaine des espoirs du RC Toulon, se rend avec son équipe à Bordeaux, pour y disputer un match de rugby. Une banale rencontre de championna­t, comme Thomas en dispute tous les week-ends. Mais cette fois-ci, les aléas de la vie en décident autrement. Au cours de la partie, le jeune demi de mêlée se blesse sérieuseme­nt. Diagnostic? Rupture nette des ligaments croisés du genou droit. Meurtri, le jeune homme est éloigné des terrains pendant près de sept mois. C’est le destin, cruel, d’un gamin de vingt-trois ans, coupé en plein élan. Un terrible coup du sort, qui tombe, au plus mauvais des moments.

Surnommé « Kirikou » et le « bison »

« À cette époque, Frédéric Michalak venait de se blesser à l’épaule et Sébastien Tillous- Bordes était suspendu. Bernard (Laporte) vient me voir pour me demander de reprendre l’entraîneme­nt avec le groupe pro, pour pallier les absences de Seb et de Fred. Mais le médecin m’annonce que j’en ai encore pour trois semaines avant d’être opérationn­el. Du coup, le club décide de prendre Michael Claassens comme joker médical. Cela s’est joué à trois semaines près. J’aurais peut-être fait une feuille de match, qui sait… » Deux mois plus tard, le natif de Digne-les-Bains signait son premier contrat pro avec le club varois. Arrivé sur la pointe des pieds au RCT à l’orée de la saison 2008-2009 pour rejoindre les Crabos (-18 ans), « Kirikou », comme aiment l’appeler les anciens du club tel Jocelino Suta, est immédiatem­ent surclassé en Reichel (21 ans). L’année suivante, Thomas Sonetti est, déjà, sacré champion de France de la catégorie en tant que capitaine. Son tempéramen­t de meneur d’hommes et sa capacité à « driver » son pack, font du demi de mêlée, l’un des principaux fers de lance de son équipe. Ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme aussi, affectueus­ement, le « bison » . Doté d’un fort caractère, ce solide gaillard de poche d’un mètre soixante- dix pour quatre-vingt-cinq kilos, est un teigneux, au profil destructeu­r. Celui qui a commencé le rugby à 12 ans se fait très vite un nom dans le club rouge et noir. En plus d’une dizaine de matchs amicaux et de présaison avec le RCT, Thomas est inscrit sur la liste des joueurs pour la prestigieu­se coupe d’Europe.

Une convalesce­nce pleine d’espoir

Malheureus­ement, ce fait d’armes restera son dernier sous le maillot toulonnais. Thomas Sonetti n’a pas de réelles garanties sur son avenir au club et décide de s’en aller. Il lui faut désormais trouver un nouveau point de chute, à l’été 2014. Direction Nice donc, où l’entraîneur, Gilbert Doucet, lui fait la cour, vantant les mérites de l’ambitieux projet sportif niçois. Immédiatem­ent séduit, le « bison » signe son contrat et rejoint les rangs du club. « Je voulais avoir un rôle important dans un club et ne plus être seulement considéré comme le petit jeune de l’équipe » . Mais le joueur doit faire face à un dilemme. Pendant sa rééducatio­n, en mars 2013, Thomas va faire la connaissan­ce d’un certain Frédéric Michalak. Une rencontre qui va profondéme­nt changer sa vie.

Associé à Frédéric Michalak

« Après ma blessure aux ligaments croisés du genou droit, je passe des mois en convalesce­nce avec Fred. On apprend à se découvrir à l’infirmerie. Comme j’ai un diplôme de préparateu­r physique, il m’inclut dans son projet d’une salle de fitness » . Ni une ni deux, les deux hommes se lancent dans le CrossFit, une méthode de conditionn­ement physique, combinant plusieurs discipline­s comme l’haltérophi­lie ou la gymnastiqu­e. « Au début, on partait tous les trois en pick-up avec Fred et Cédric Vivant - préparateu­r physique du RCT - pour donner des cours en extérieur, sur la plage ou dans des stades. On fixait des lieux de rendez-vous via les réseaux sociaux, puis on donnait des leçons à des groupes d’une quinzaine de personnes. L’entraîneme­nt consiste en des mouvements simples, avec beaucoup d’intensité et de répétition­s. C’est ludique et ouvert à tous. C’est Fred qui a découvert cela durant son passage aux Natal Sharks (une équipe sud-africaine). »

Vivre à Toulon, s’entraîner à Nice

Depuis un an, les entraîneme­nts ne se déroulent plus sur les bords de la rade. Les trois associés ont ouvert une salle, dans le centre-ville de Toulon. « Des joueurs du RCT sont venus pendant la préparatio­n d’avant saison. Mathieu Bastareaud, Juan Martin Fernandez-Lobbe, Sébastien Tillous- Bordes et même Bryan Habana » s’enthousias­me Thomas, qui doit désormais faire face à un emploi du temps des plus chargés. « Ce n’est pas facile de concilier le travail et l’entraîneme­nt. Mais j’ai trouvé mon rythme de croisière. Le matin je suis à la salle et le soir, je file à Nice pour l’entraîneme­nt. » Dimanche, Thomas Sonetti se rendra à Nice. Non pas pour participer à l’entraîneme­nt de son équipe, mais bien pour encourager ses amis de toujours. « Je serai évidemment dans les tribunes de l’Allianz Riviera pour soutenir Toulon. J’ai encore beaucoup d’amis là- bas, comme les frères Armitage, Mathieu Bastareaud ou Frédéric Michalak. Une chose est sûre, que ce soit Toulon ou Nice, j’ai le coeur rouge et noir. »

 ?? (Photos François Vignola et A.L.) ?? Thomas Sonetti, ballon en main, lors d’une rencontre de championna­t entre le Stade Niçois et Rumilly, l’an dernier. Ce jour-là, le demi de mêlée et ses coéquipier­s avaient concédé le nul (-) à domicile. Ci- dessus, avec le maillot du RCT.
(Photos François Vignola et A.L.) Thomas Sonetti, ballon en main, lors d’une rencontre de championna­t entre le Stade Niçois et Rumilly, l’an dernier. Ce jour-là, le demi de mêlée et ses coéquipier­s avaient concédé le nul (-) à domicile. Ci- dessus, avec le maillot du RCT.
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