Nice-Matin (Menton)

Marilou Berry : « Un enfant ? Ma mère me tanne! »

La comédienne était à Nice hier soir pour l’avant-première, au Pathé-Masséna, de sa première réalisatio­n. Joséphine s’arrondit inventorie les angoisses de toute future maman…

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

ÀCannes pour Vice-Versa, elle prêtait sa voix à Tristesse. Son traitement de la maternité dans Joséphine s’arrondit n’engendre pas la mélancolie. Avec le même franc-parler que sa maman Josiane Balasko, Marilou Berry dresse ici un inventaire aux forceps des angoisses et des situations cocasses que les femmes ne craignent plus d’associer à l’arrivée de bébé. L’accoucheme­nt est programmé au 10 février.

Jo a trouvé l’amour et attend un enfant. Heureux événement? Il y a plein de beaux moments, dans une grossesse. Mais les femmes ont cessé d’en parler comme d’un joli voyage au pays des Bisounours. Car ce n’est pas du tout le cas. C’est surtout un grand bouleverse­ment. Avec un fort retentisse­ment sur le couple, même si ce point qui a beaucoup évolué, les papas d’aujourd’hui étant très différents des papas d’il y a vingt ans. Ce sujet vous parle? J’ai trente-trois ans, forcément je me pose la question. Je ne suis pas maman, mais ça ne m’empêche pas d’en avoir toutes les angoisses. J’ai peur de la déchirure, peur de l’épisiotomi­e. Peur de faire caca sur la table d’accoucheme­nt. De me faire pipi dessus après, parce que je n’aurai pas réussi ma rééducatio­n du périnée. J’ai même peur de ne pas aimer mon enfant et de le trouver moche. C’est honnête, mais c’est cru! Florence Foresti avait un peu ouvert la voie. Non, les femmes ne sont pas que jolies, sensibles et romantique­s. Quand on vient d’accoucher, c’est le bordel, làdedans! Et je trouve ça terrifiant, de me dire que l’on n’a plus tout à fait le même rapport à son corps.

Pourquoi la réalisatio­n? J’en avais besoin. Réaliser, c’est se réaliser soi-même. Et c’est savoir se servir du talent des autres. Le faire en retrouvant les chaussons de Joséphine, ça me permettait de gagner du temps. C’était génial de pouvoir travailler à nouveau avec Mehdi Nebbou. Génial aussi, d’avoir Sarah Suco dans la peau d’un archétype que nous connaisson­s tous : la copine qui ne veut pas tomber amoureuse, qui ne veut pas s’engager, qui revendique sa liberté, et qui, en réalité, pleure en écoutant Patrick Bruel dans un appartemen­t rempli de fleurs.

Autre archétype : la fille « cash », comme vous, qui fait peur… Oui, c’est mon cas, et l’avantage, c’est que ça fait place nette. On écarte très, très vite les abrutis. Ne reste que le meilleur.

Mamie, c’est un rôle qui plairait à votre mère, pour de vrai? Ah, ça oui! Elle n’arrête pas de m’en parler. Elle me tanne! Comme mon père, d’ailleurs. Mais je fais partie d’une génération où l’on peut parler de choix. On n’est plus « vieille fille » parce que l’on n’a pas d’enfant. À l’inverse, on peut s’accomplir profession­nellement tout en étant maman, parce que les tâches sont partagées.

N’était-elle déjà grand-mère dans Un heureux événement? Oui, mais dans un film plutôt noir et douloureux sur la maternité. Pour le coup, j’avais vraiment envie d’une comédie. Quitte à forcer le trait. Pour moi, c’est comme avec la danse classique : un mouvement n’en est pas moins sincère s’il est poussé à l’extrême. C’est ce que j’aime chez Jim Carrey, chez Pixar ou chez Disney.

L’autre mamie, c’est Victoria Abril. Bien allumée… Elle peint à poil, écoute Janis Joplin, fume des pétards, mais a les mêmes défauts que ma mère dans le film. Les deux sont aux antipodes, mais aucune d’entre elles ne sait écouter son enfant. Tout le contraire de ce que j’ai connu chez moi : mes parents étaient attentifs à mes problèmes, puisqu’assez proches eux-mêmes de leur enfance.

Acteur, métier d’enfant ? Je suis persuadée que nous faisons tous semblant d’être adultes. Dans la tête, on reste des enfants. J’ai un ami dont la grand-mère a  ans, la seule différence avec nous, c’est qu’elle est diminuée physiqueme­nt. Mais l’âge n’a pas de valeur.

« Quand on est cash, ça fait place nette : on écarte très, très vite les abrutis. »

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(Photo Franck Fernandes) « Les femmes ont cessé de parler de leur grossesse comme d’un joli voyage au pays des Bisounours. »

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