Boues rouges : à Marseille, José Bové dénonce «les bains de mer à l’arsenic»
« Si tu touches aux calanques, attention aux boules de pétanque! » Les slogans – à prononcer avec l’accent marseillais – n’ont pas manqué hier lors du rassemblement « colère rouge » devant la préfecture de Région à Marseille. Un millier de personnes étaient réunies pour dénoncer les rejets d’effluents industriels dans les eaux du parc national des Calanques. En ligne de mire : la société Altéo, producteur d’alumines à Gardanne, qui a obtenu l’autorisation de rejeter des effluents liquides en mer jusqu’en 2021. Le temps de trouver une solution pour se mettre en conformité avec les standards européens (lire nos éditions du 27 janvier). Une dérogation à la convention de Barcelone insupportable aux yeux du mouvement Collectifs Littoral. « De Cassis au Lavandou, les poissons que l’on a pêchés sont chargés en métaux », a lancé devant une foule acquise à la cause, le porte-parole William Grandordy. Et ce Hyérois de dénoncer « un chapelet de scandales – financier, démocratique, sanitaire ». Le député vert européen José Bové, guest star assaillie par les journalistes, de renchérir : « L’usine doit prendre sur ses bénéfices pour la remise en l’état du site. C’est un scandale qui dure depuis 60 ans », at-il lancé faisant référence aux millions de tonnes de « boues rouges » déversées ces dernières décennies. Une pollution devenue invisible Si l’entreprise a cessé de rejeter ces fameux déchets « rouges », le liquide résiduel qu’elle est autorisée à rejeter en mer contient toujours des polluants, invisibles à l’oeil nu, dans des concentrations qui restent supérieures aux normes européennes. Le pêcheur professionnel Gérard Carrodano (La Ciotat) évoque une cinquantaine de substances chimiques parmi lesquelles l’arsenic dans des proportions « 27 fois supérieures » aux seuils fixés par ces normes. « Cet été, à Marseille, venez vous baigner dans l’arsenic ! », a ironisé de son côté José Bové devant les caméras. Et qu’on ne parle pas au pêcheur de La Ciotat de la sauvegarde des 360 emplois à Gardanne qui motiverait la dérogation accordée par l’État. « Et le nombre de pêcheurs, ces centaines de petits métiers en Paca ? On tue notre passion ! » « Je n’ai plus confiance dans les élus. Ce n’est que la mobilisation populaire qui va les emmerder pour qu’ils fassent leur boulot », a prévenu William Grandordy évoquant, sous le soleil de Marseille, de précédents succès enregistrés dans le Var. Comme la suspension du projet Abyssea au large des îles d’Hyères, ou le moratoire sur l’exploration de gaz de schiste envisagée notamment autour de Brignoles. « Le travail de mobilisation fonctionne. »