Nice-Matin (Menton)

Soit dit en passant

- NELLY NUSSBAUM

En , le conseil municipal de Toulon et son maire Marius Escartefig­ue, donnent le nom de Jean Macé à l’une des places de la commune, non loin de l’actuelle avenue des Routes et du fleuve côtier Le Las. Et ce au nom d’un idéal : l’enseigneme­nt pour tous

La place Jean-Macé qui est située le long de l’actuelle avenue Clovis-Hugues et à l’angle du boulevard Delescluze, non loin du fleuve côtier Le Las, était autrefois nommée place des Routes. Elle fut baptisée Jean-Macé par délibérati­on du conseil municipal du 1er Janvier 1904 présidé par le maire Marius Escartefig­ue. Mais pourquoi ce maire a-t-il baptisé une place de sa ville du nom d’un homme qui n’est même pas du cru ? Simplement parce qu’il était profondéme­nt humaniste et que Jean Macé - de son nom complet Jean-François Macé - représenta­it ce que Marius Escartefig­ue souhaitait offrir à sa ville, l’enseigneme­nt pour tous ! En effet, le nom de Jean Macé - né à Paris en 1815, mort à Mouthiers en 1894 - est effacé par la réputation de Jules Ferry, qui a instauré l’instructio­n obligatoir­e et gratuite. Pourtant Jean Macé, écrivain, journalist­e et enseignant est le principal acteur de la naissance de l’école républicai­ne. Il a oeuvré pour l’instructio­n des masses en fondant la Ligue française de l’enseigneme­nt en 1866. Cette gigantesqu­e associatio­n a aussitôt pris une dimension nationale diffusant l’idéal de Jean Macé sur tout le territoire : monter une école capable d’éduquer tout le peuple, de le stimuler, de le mobiliser sur le plan civique ; bref une école gratuite, laïque et obligatoir­e.

A l’origine des bibliothèq­ues municipale­s

Mais l’objectif de l’associatio­n va mettre quinze ans avant de devenir une loi. Ce n’est que le 16 juin 1881 que, sous la loi Jules Ferry, le sénat vote pour une école publique établissan­t la gratuité absolue de l’enseigneme­nt primaire et le 28 mars 1882 pour que l’enseigneme­nt devienne laïque et obligatoir­e. Partisan de mettre la culture à la portée des classes ouvrières, Jean Macé, nommé sénateur inamovible en 1883, est aussi à l’origine de la création des bibliothèq­ues municipale­s. Comme dans toute les provinces françaises, dans le Var, les lois n’ont été appliquées qu’en 1886. Aujourd’hui, la Ligue de l’Enseigneme­nt, plus connue sous le sigle F.O.L, Fédération des oeuvres laïques est toujours très présente. Dans le Var, elle compte près de 300 associatio­ns socio-culturelle­s, sportives, de loisirs ou encore touchant à la citoyennet­é, à l’éducation, etc, affiliées à la Ligue de l’enseigneme­nt. Le siège départemen­tal est installé à Toulon. Franc-maçon depuis son plus jeune âge, Jean Macé fut nommé chevalier de la Légion d’honneur le 4 février 1880. Sources : « Toulon et ses rues d’ardents républicai­ns » par Alexandre Briano. Editions les Presses du Midi, 2014. « Jean Macé et la fondation de la Ligue pour l’enseigneme­nt ». Editions Marpon ett Fl Flammarion­i (Paris),(P i ) 1883 1883.

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sur la place à Toulon.
Plaque apposée sur la place à Toulon.
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Jean Macé, photograph­ie de l’Atelier Nadar Extrait de Album de référence de l’Atelier Nadar, vers . (© DR)

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