N comme non-labour
Le labourage profond et le bêchage sont des pratiques qui tendent à disparaître des us et coutumes du jardinage biologique. Elles ne sont en effet pas aussi bénéfiques qu'on le croit pour le sol. Depuis toujours, après les dernières récoltes, les paysans ont labouré leurs terres afin de préparer les cultures à venir. Leur but : aérer le sol pour favoriser l’oxygénation des racines, améliorer l’action du gel pour casser les mottes et ameublir la terre, empêcher la germination des graines d’adventices, nettoyer la zone en enterrant les déchets des cultures précédentes, et enfin, incorporer au sol les amendements organiques. Les mentalités ont commencé à changer lorsque des études scientifiques du sol sont venues révéler toute la complexité de ce dernier et, surtout, l’extraordinaire écosystème qui s’y loge. L’activité de cette pédofaune génère une chaîne alimentaire dite « réseau trophique », qui est à la base de la fertilité du terrain. Est apparue alors la notion de sol « vivant » et le constat que le labourage perturbait cette faune. En effet, il modifie trop brusquement la répartition de l’oxygène, les lames de motoculteurs tuent les vers de terre et la vitesse de rotation excessive des fraises crée à la longue une semelle de labour totalement infranchissable pour les racines. Les jardiniers bio ont donc développé le non-labour, technique de culture rendue possible par la présence d’un paillis permanent sur le sol qui crée de la biomasse décomposable. L’activité de la pédofaune fait le reste, tout comme dans les sols forestiers qui demeurent fertiles sans intervention humaine. La terre est ainsi structurée, aérée et fertilisée, naturellement. Sur les sols trop tassés, la grelinette est un outil qui permet si besoin, de l’aérer et de l’ameublir, sans toutefois la retourner.
Benoit Charbonneau