Sondages, leur beau souci
Et si on organisait un sondage sur les sondages ? Avec des questions précises et parfois dérangeantes posées à des citoyens qui ne travaillent pas tous dans l’immeuble où gîte l’institut de sondage. Par exemple : « Avez-vous déjà été sondés ailleurs qu’à l’hôpital? » ; « Dans l’affirmative, la fierté d’être sondé a-t- elle infléchi vos réponses dans le sens de l’indulgence ? » ; « Un sondage en faveur d’un politique vous incite-t-il à voter pour lui ou à accorder votre suffrage à un concurrent moins bien placé pour rétablir l’équilibre ? » ; « Estimez-vous qu’un sondage financé par un candidat à un poste important aurait été différent si c’était son principal adversaire qui l’avait commandé ? » ; « Si vous penchez un peu à droite, osez-vous l’avouer à un enquêteur dont la tenue et le langage semblent le situer de l’autre côté de l’échiquier politique ? » ; « Admettezvous que pour une meilleure représentation socio- culturelle, les statisticiens de l’institut procèdent à une correction des données recueillies ? » ; « Pour éviter les soupçons de favoritisme et le recours aux deniers publics, les têtes d’affiche électorales ne devraient- elles pas tirer au sort le bénéficiaire du contrat qu’elles paieraient de leur poche lorsqu’il s’agit de questions très personnelles ? ». Enfin, « s’agissant du moral des ménages, tenez-vous compte, lorsqu’on vous interroge au petit matin, de la réussite ou du
fiasco des galipettes de la nuit ? »