Nice-Matin (Menton)

À Mouans-Sartoux Yann Vidal a gagné le pari du bio

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« Ou je sors la tête de l’eau... Ou je meurs. » Ainsi s’exprimait Yann Vidal dans nos colonnes, en mars 2015, à l’orée d’une année charnière. Un an plus tard, cet agriculteu­r de Mouans-Sartoux a gagné son pari : celui du bio. La première manche du moins. Car à 34 ans, ce profession­nel passionné se garde de tout triomphali­sme. « J’ai connu des hauts mais aussi beaucoup de bas. A Fréjus, j’ai été inondé quatre fois entre 2010 et 2013 ! Il a fallu que je me remette en question. » En 2013 donc, Yann Vidal a opté pour la culture bio. Un créneau porteur, qui l’a conduit à augmenter la voilure l’an dernier. À Fréjus, il est passé de 3,5 ha à 6,5 ha de plein champ.

Investisse­ment gagnant

Ses 5000 m2 de serres de Mouans-Sartoux ne suffisant plus, il a investi 8000 m2 de plein champ dans le vallon en face, au Plan-de-Grasse. « Je suis content. Cela me permet de faire plus de rotation avec des engrais verts pour aérer le terrain. » Sa recette : « Travailler sur du long terme. » Le succès lié au passage au bio, lui, ne s’est pas fait attendre. La clientèle a augmenté dans son magasin en vente directe, chemin des Gourrettes à Mouans-Sartoux. « J’ai gardé les mêmes prix, tout en faisant quelque chose de plus rigoureux. Je ne suis ni le meilleur, ni le plus fort... Mais je pense faire des produits corrects, sinon les gens me les enverraien­t à la figure ! Pour l’instant, ça porte ses fruits. » Yann alimente aussi la coopérativ­e agricole Le Marché des collines au Rouret, des enseignes comme Biocop, La vie claire ou Nature Dis au Plan-de-Grasse. La demande est telle que, cet hiver, il lui est arrivé d’être à court de marchandis­e. « Dans notre départe- ment, on a la chance d’avoir un bassin de clients avec un pouvoir d’achat conséquent », analyse Yann Vidal.

« Moment charnière » Ce métier « passionnel » , comme il le définit, a un prix, lui aussi. Ses journées démarrent à 5 h du matin et se prolongent jusqu’à 20 h, voire 21 h en été. Ce père de famille entend se ménager une vie en dehors du travail, mais il sait que le créneau bio n’en est que plus exigeant. « Je pense qu’il y a un avenir dans le bio, mais cela demande du temps. C’est beaucoup plus poussé au niveau des techniques cul- turales et variétales. Reste que le secteur agricole fait face à une crise sans précédent, on est à un moment charnière : il va falloir changer les pratiques culturales et de vente. »

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(Photo archives Patrice Lapoirie) Producteur à Mouans-Sartoux confronté à une demande accrue depuis son passage au bio, Yann Vidal vient de doubler sa surface d’exploitati­on.

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