Nice-Matin (Menton)

L’impatient anglais

FOOTBALL AZURÉEN DE L’ÉTRANGER A 18 ans, le natif de Grasse fait les beaux jours des U21 de Queens Park Rangers en Angleterre. L’été dernier, Axel Prohouly avait quitté l’AS Monaco pour Londres. Il ne regrette rien

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU FAURE

Il n’a que 18 ans mais vit déjà à l’étranger. L’an dernier, Axel Prohouly jouait avec les U19 de l’AS Monaco. Le milieu de terrain offensif aurait pu franchir le cap et retrouver un jour, qui sait, l’équipe fanion. Sauf que le natif de Grasse sentait qu’on ne comptait plus sur lui. Alors il a écouté les propositio­ns venues de l’étranger, et notamment celle des Queens Park Rangers. A Londres, il a été accueilli par une légende du club, Les Ferdinand (17 sélections, 5 buts) devenu directeur technique de QPR. Pour le jeune azuréen, dont l’idole se nomme Cristiano Ronaldo, l’aventure anglaise est une bouffée d’oxygène. Auteur de 4 buts et de 5 passes décisives avec les U21 de QPR, le jeune français espère grimper en équipe première, dirigée par l’ancien internatio­nal batave Jimmy Floyd Hasselbain­k, d’ici la fin de la saison. Surtout, le garçon, déterminé, ne regrette pas son choix.

Avant d’arriver à Londres, quel a été votre parcours ? Je suis né à Grasse, mes parents y vivent toujours d’ailleurs. J’ai débuté le football à  ans pour ensuite prendre ma première licence à  ans, à Mougins. Mon père entraînait au club et je suis resté à Mougins pendant  ans. A  ans, j’ai intégré le centre de formation de l’AS Monaco. Pendant deux ans, je suis parti au pôle espoir d’Aix- enProvence et je jouais le week- end avec Monaco. A  ans, j’ai vraiment intégré la Turbie. Lors des deux premières saisons, tout s’est bien passé, j’étais surclassé, j’étais régulièrem­ent appelé en sélection nationale, on fondait beaucoup d’espoirs sur mon évolution. Que s’est-il passé ensuite ? La troisième année, -, qui était ma dernière en tant qu’aspirant, a été difficile. On ne me faisait plus confiance. J’ai compris qu’il fallait que je parte.

Pourquoi QPR ? J’avais beaucoup de sollicitat­ions mais les Londoniens ont été très convaincan­ts. Dans l’histoire, Monaco a récupéré une indemnité de formation de   euros et Mougins aussi.

Donc Londres, loin de vos parents, dans un pays étranger. Je suis parti à Aix- en-Provence très tôt, donc ce n’est pas la première fois que je quittais la maison familiale. J’ai été déraciné très tôt, au final. Là, le plus compliqué au début c’est la langue, mais j’ai pris des cours et ça rentre très vite. Le club a aussi des infrastruc­tures exceptionn­elles, très loin de ce que j’ai pu connaître à la Turbie. Au quotidien, le club a également mis un chauffeur à ma dispositio­n car je n’ai pas encore le permis de conduire. C’est une culture différente, ici. Le football est une passion. On le sent les jours de match, surtout à Londres, où vous voyez des maillots de foot à tous les coins de rue.

Vous vivez seul ? Oui, comme un grand. J’ai un appartemen­t, je suis autonome. Mon grand frère me rend souvent visite, mes parents aussi. J’ai été habitué à vivre seul et le climat anglais ne me dérange pas.

Rejoindre QPR, en seconde division anglaise, c’est quoi l’idée ? De démarrer en U, ce que j’ai fait, de progresser et de finir la saison avec les pros pour que, l’an prochain, je débute la saison dans l’équipe fanion. Depuis décembre, je m’entraîne avec le groupe profession­nel, j’ai bon espoir de faire ma première apparition rapidement.

D’autant que l’équipe de France U est dans le coin aussi. Oui, j’ai été appelé pour le dernier rassemblem­ent de février, j’ai joué contre l’Italie en amical (-). C’est un autre contexte et ça, ça fait du bien. Cela montre que ce que je produis en Angleterre est regardé.

Des regrets d’avoir quitté Monaco ? Pas du tout. J’ai progressé à tous les niveaux depuis que je suis en Angleterre. En France, j’ai l’impression que les jeunes sont parfois bloqués, ça n’avance pas. Ce n’est pas plus facile ici, mais ça tourne plus, on est mieux encadré. Je travaille plus, l’accompagne­ment en dehors des entraîneme­nts est plus important. A QPR, je suis dans le cocon profession­nel de h à h, on fait plein de choses, du renforceme­nt musculaire, des exercices spécifique­s, etc.

Pourtant, on a l’impression que Monaco donne sa chance aux jeunes, non ? Pendant deux ans, on m’a dit que j’étais l’avenir du club, et du jour au lendemain, j’ai été mis de côté. Je suis quelqu’un qui marche à la confiance, dès que j’ai senti qu’on m’abandonnai­t, je me suis enfui. Monaco a peutêtre cherché à me piquer au vif mais je sais ce que je voulais. Je voulais partir. En U, sur la fin, je ne jouais même plus, je n’avais plus envie de m’entraîner mais je n’ai jamais perdu confiance en moi.

Que pensez-vous de l‘éclosion de Kylian Mbappé ? On a le même style de jeu. C’est, je pense, le seul jeune du club qui va réussir à percer. J’espère qu’il restera à Monaco.

Comment s’est passée votre arrivée à Londres ? J’ai été accueilli par Armand Traoré, un Français qui a aussi été formé à l’AS Monaco et qui a connu un départ à l’étranger de manière précoce. Les premiers matches avec les U, j’ai été un peu sonné. Ce n’est pas la même dimension physique que les U nationaux. Mais je marche à la confiance, et quand on me fait confiance, j’explose.

Comment voyez-vous votre avenir ? Jouer dans l’équipe première de QPR, me montrer. Je ne suis pas loin du groupe pro pour l’instant. Jusqu’ici, j’ai réussi mon objectif.

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