Toulon : tout en haut, malgré tout
Les Toulonnais, qui connaissent depuis le début de saison bien des aléas, se retrouvent avec une équipe recomposée en tête du championnat. Qui l’eut cru ?
De la participation de dix-neuf de ses éléments à la Coupe du monde à aujourd’hui, Toulon aura dû composer avec les aléas d’un rugby dit « professionnel », même s’il semble toujours géré par des amateurs qui trônent au sein des instances dirigeantes. Les différents calendriers (Top 14, Champions Cup, matches internationaux) élaborés sans concertation sont l’une des inepties les plus criantes qui entraînent doublons, cadences infernales et parfois même, par voie de conséquence, accidents. Mais tant que les gueuletons fédéraux se passent bien, pourquoi l’armée de généraux bénévoles aux avantages extravagants se soucierait des soldats de l’ovalie, à commencer par le sort international de l’ancien toulonnais David Smith, victime d’une bourde dénichée sur le stand farces et attrapes ? Bref, loin de tout ça, au niveau des clubs, on s’échine à travailler et à chercher des solutions pour faire face aux réalités du rugby moderne. À Toulon plus qu’ailleurs? Peutêtre. Mais à Toulon certainement mieux qu’ailleurs si l’on se fie au classement actuel à huit journées de la fin de la phase régulière d’un Top 14 aussi exigeant que surprenant. Le RCT occupe une flatteuse place de leader en comptant, il est vrai, un match supplémentaire à son actif (défaite face à Bordeaux-Bègles). Cette première place est d’autant plus remarquable que ce Toulon 2015-2016 est en pleine re- construction cette saison. En effet, Laporte et sa troupe ont dû composer avec la kyrielle de titulaires partis sous d’autres cieux depuis deux ans à l’image de Wilkinson, Sheridan, Hayman, Botha, Williams, Masoe… pour ne citer que les plus emblématiques. Le staff technique toulonnais a dû – comme d’autres, il est vrai – composer avec la cascade de blessures graves, tels O’Connell, Halfpenny, Giteau, Tillous-Borde, Manoa. Pourtant, malgré tous ces aléas, les Rouge et Noir, après un début de saison poussif, ont su faire bonne figure avec les Espoirs d’hier (Fresia, Chilachava, Mikautadze, Belan…), les nouveaux arrivés (Stevens, Saulo, Lassalle, Ollivon…) et les autres sansgrade. Ils ont signé quelques belles performances à l’extérieur (Paris, Clermont, Oyonnax) et glané pas moins de onze points de bonus (7 offensifs, 4 défensifs).
La bonne opération du jour Si, sur le plan défensif, les Toulonnais occupent une honorable sixième place (300 points encaissés, loin derrière Toulouse 235), offensivement, en revanche, ils caracolent largement devant leurs poursuivants avec 504 points marqués. Avec plus de trente points de moyenne par match, les Varois ont inscrit 58 essais, soit plus de 3,6 de moyenne par rencontre. Si Toulon compte bien un match d’avance sur ses autres concurrents (excepté Bordeaux-Bègles), deux de ses quatre poursuivants immédiats (Racing et Toulouse) ont été battus à domicile ce weekend. Ces deux échecs font les affaires des hommes de Laporte qui espèrent bien ac- crocher une des deux premières places synonymes d’accession directe en demi-finale. Le Racing devra se rendre à Montpellier et Toulouse à Clermont pour disputer cette 13e journée en retard. Autant dire que rien n’est fait. Les deux points d’avance sur les Franciliens, les trois sur les Clermontois et les six et sept sur les Girondins et Haut-Garonnais ne seront pas de trop pour gérer ce qui pourra l’être à l’heure des phases finales sur les deux tableaux.