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Le livre Moi président de Mathieu Janin

Serpent noir, 330 pages, 21 €.

Parce que la réalité a bien plus de talent que la fiction, Mathieu Janin a largement puisé dans ses souvenirs de localier en banlieue parisienne pour tricoter son premier roman. Grosse maille, gros poings : au fil des  pages de ce polar suintant, on croise du beau linge, des crânes d’oeuf, des porte-flingues, des ambitieux vicieux, des paumés et des fils de. Tous pourris jusqu’à la moelle. Mouillés jusqu’au double menton dans des magouilles politiques d’autant plus incroyables qu’elles sont inspirées de faits et de personnages réels. Nous sommes en mai . Alors que Jean-Jacques Vautier, maire de Bezous- sur-Seine et leader des Républicains, s’apprête à coller une raclée à François Hollande, tout se met à vaciller dans sa ville. Le système Vautier, façonné pendant des années à coups de latte, d’enveloppes et d’intimidations par Battisti, l’homme de main corse du maire se fissure d’un coup, tout ça parce qu’une petite frappe s’est mise à table. Face à des flics pas piqués des hannetons, Mohammed Ben Kader déballe tout : les voitures brûlées sur ordre du maire, les commerces braqués et les magasins des cités incendiés contre rétribution. En révélant le PV d’audition dans les colonnes du Francilien, Nikos Aliagas, journaleux teigneux, et son chef Renan Kermadec, breton bougon amateur de houblon, allument la mèche. Dans un style qui oscille à peu près entre Audiard et JoeyStarr, la suite du roman n’est que sang et larmes. N’en déplaise à Jean- François Copé, ce ne sont pas toujours les gentils qui gagnent à la fin.