Nice-Matin (Menton)

« C’est une lente expansion »

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Que révèle l’émergence de Nuit debout, qui occupe les places depuis un mois ? Il est très difficile de saisir toutes les sensibilit­és de ce mouvement qui est révélateur d’un grand foisonneme­nt d’initiative­s. Si l’on observe les lieux où se déroulent ces Nuits debout, cela recoupe en partie la carte électorale de la gauche même si, à Nice, le mouvement a pris une certaine ampleur. Nuit debout n’est pas réductible à la gauche : le revenu de base, le vote blanc, l’open-data... ce sont des idées qui ne sont pas cataloguée­s selon des grilles de lecture gauche/droite. À mon sens, c’est donc un mouvement de centre-ville de nos métropoles, qui réarme le camp « progressis­te », c’est-à-dire la France « anti-réac », « anti-sécuritair­e » et « anti-identitair­e ».

Qu’est-ce qui a changé depuis le début du mouvement ? Les participan­ts prennent conscience que les solutions ne sont ni dans un retour aux codes anciens du mouvement ouvrier, ni dans une pure horizontal­ité faisant appel à la démocratie directe. Ceci dit, le mouvement a conscience de cet enjeu depuis le début : ça n’a pas explosé. Il s’agit plutôt d’une lente expansion... La prochaine étape, pour eux, c’est de parvenir à donner une unité aux « % », comme disait le mouvement Occupy Wall Street, pour favoriser l’émergence d’un « nous ».

Ce qui est un peu la question que se posent les toutes gauches en Europe... Oui. Et pour toucher tant « l’intello précaire » que l’ouvrier du nord-est, que le retraité ou la mère de famille salariée du commerce, il faut des codes militants qui parlent à tout le monde. Nuit debout n’a pas suscité l’insurrecti­on. Mais ce mouvement permet à un certain nombre d’idées de murir dans la société. Il laissera des traces.

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