Nice : bars, restaurants et épiceries fermés à h
Après l’arrêté du 14 juin, interdisant la vente à emporter d’alcool, les veilles et jours de match de l’Euro, la préfecture enfonce le clou avec un nouvel arrêté. Les professionnels sont mitigés
ls veulent limiter la surconsommation d’alcool, mais surtout les débordements qui pourraient aller de pair… Ils veulent prévenir les incidents. Les accidents. Les échauffourées. Ils veulent empêcher que des supporters, heureux ou malheureux, s’enivrent plus que de raison. En clair, ils veulent éviter la «viande saoule» dans les rues de Nice… Échaudée après les bagarres qui ont éclaté dans le Vieux-Nice entre des supporters niçois et nord-irlandais qui avaient fait huit blessés le 11 juin. Mais aussi par la mort, le 13 juin, d’un fan de l’équipe de l’Irlande après une chute de plusieurs mètres, la préfecture avait déjà, par arrêté, pris des mesures pour restreindre la vente d’alcool (lire ci-contre).
« Ils trouveront une ville morte »
Avant-hier, Adolphe Colrat a renforcé les mesures de restrictions dans le cadre du match de huitièmes de finale Angleterre-Islande qui se joue à Nice lundi. Le spectre des hooligans… Par arrêté préfectoral, et cette fois dans toute la commune de Nice, l’ensemble des débits de boissons, des restaurants et des épiceries devront être fermés à 00h30 cette nuit, mais aussi la nuit prochaine. Et le service, la vente et le transport d’alcool seront également interdits ce soir et demain soir à Nice à compter de minuit. Une mesure que certains professionnels voient d’un mauvais oeil. D’autres pas. Hubert Boivin, président de l’Union patronale des cafetiers restaurateurs,
l’a un peu en travers du gosier. «Que l’on réduise la vente d’alcool pour des raisons de sécurité, je veux bien. Mais tout faire fermer à 00h30, ça me choque pour mes professionnels, mais aussi pour l’image que l’on donne de la ville de Nice», dit-il. Et ça le désole : « Les gens font des milliers de km pour faire la fête ! Quand les supporters vont rentrer du stade, ils trouveront une ville morte». Ça coince, aussi, selon lui, économiquement : « Certains professionnels ont embauché pour ce mois de football, ils ont fait des investissements ».
« Ils vont se saouler dans la fan zone »
Sur la zone piétonne, Michèle, patronne du Parasol fait la moue. «Ils ont peur des débordements, peur des hooligans. Je peux comprendre, bien sûr. Mais alors commençons par ne pas servir de bière dans la fan zone, non? Les supporters vont aller se saouler là-bas et après ils sortiront». Un peu plus loin, dans une autre brasserie, le ton est plus cinglant. «C’est n’importe quoi. Quand les supporters voudront manger ou boire un coup et que tout sera fermé et qu’ils seront déjà bien cuits, c’est là qu’ils vont tout casser», réagit Julien. Sur le cours Saleya, au Safari, institution niçoise, Charles et Daniel sont plus «philosophes». Ils ne sont pas certains que «cela serve à grand-chose », mais ils « comprennent pour des raisons de sécurité». « Pour nous, restaurateurs, la fermeture à 00 h 30 ce n’est pas grave, mais bien sûr ça peut l’être pour les brasseurs», explique Charles, qui
compatit. «Nous, ce qui nous fait perdre de l’argent, ce sont les blocages et les restrictions de circulation les jours de match», renchérit Daniel. En revanche, pour cet autre patron, cette interdiction est «scandaleuse». « Je vous cache pas que si j’ai un groupe après 00h30 qui me commande 10 mojitos, je ne vais pas m’asseoir dessus. Les temps sont assez durs comme ça, je les servirai et puis c’est tout. Il suffit juste de voir à qui on a affaire», déclare-t-il sous couvert de l’anonymat...
Ma Nolan’s « entièrement d’accord »
Quant au patron du Ma Nolan’s dans le Vieux-Nice, Christophe Souques, il se veut pragmatique. « Déjà la fermeture pour toute la France,
c’est 00 h 30. Au-delà, c’est sur dérogation. Ensuite, il me semble que la situation est assez compliquée avec des supporters qui pour une petite partie ne se déplacent que pour réaliser un coup de force et se bagarrer, pour que l’on comprenne cette décision préfectorale». Christophe Souques ajoute : « Non seulement je comprends, mais je vais même aller au-delà : il n’y aura pas de terrasse dimanche et lundi soir. Il faut être lucide et ne pas voir que par rapport au gain d’argent». Et de conclure: « Il y a deux nationalités dont une partie des supporters est dangereuse ce sont les Russes et les Anglais et il va y avoir 40 000 Anglais sur Nice. Il faut savoir être intelligent et prudent. Je suis donc entièrement d’accord».
STÉPHANIE GASIGLIA