Nice-Matin (Menton)

Griezmann : c’est l’heure

Moyen contre la Roumanie, remplaçant mais buteur face à l’Albanie avant d’être de nouveau décevant face aux Suisses, l’attaquant des Bleus n’a plus de temps à perdre

- MATHIEU FAURE

Antoine Griezmann ne sait pas où il sera le 10 juillet, date de la finale de l’Euro, mais il sait où il jouera l’an prochain. L’attaquant de l’Atlético Madrid a prolongé cette semaine son bail avec les Colchonero­s d’une saison, nouant son avenir jusqu’en 2021 dans la capitale espagnole. « Je suis heureux de continuer au sein de cette famille et de ce projet », a réagi le joueur sur le site du club. Est-ce les nombreuses sollicitat­ions reçues depuis plusieurs mois qui l’ont perturbé ? Peut-être. Toujours est-il que depuis le début de l’Euro, l’équipe de France attend le vrai Antoine Griezmann, celui de Madrid. Quelconque contre la Roumanie, remplaçant puis buteur face à l’Albanie, le gaucher est de nouveau passé à côté de son match face aux Suisses. Cette fois, contre l’Eire, c’est une rencontre à quitte ou double. Et Griezmann devrait débuter le match. Tout le monde attend plus de lui. Surtout depuis la suspension de Karim Benzema. Tout n’est pas à jeter dans son Euro, loin de là, son but contre l’Albanie change la donne. Et c’est surtout le premier remplaçant à marquer à l’Euro pour les Bleus depuis un certain David Trezeguet, lors de la finale de l’édition 2000. « C’est une revanche sur le match que j’avais fait » avait-il concédé au micro de BeIn Sports à la fin du match, en référence à son raté contre la Roumanie. « Le coach m’avait dit que j’allais être remplaçant. J’ai essayé de faire de mon mieux. Ce but va m’aider », avait-il embrayé. De son côté, Didier Deschamps ne s’est jamais caché qu’il attendait plus de son joueur. « Antoine, je le gère » , a confié le sélectionn­eur après la rencontre. « Je sais qu’il n’est pas content », en rapport à son temps de jeu. Il faut dire que le gaucher sort d’une saison longue et éreintante (plus de 65 matches), terminée dans le dur avec une défaite en finale de la Ligue des Champions, match au cours duquel Griezmann a manqué un penalty. Il faut qu’il se retape, en substance.

Payet a changé son rôle

Surtout, le garçon doit s’adapter à un schéma (4-33) et un style de jeu (possession) qui ne lui conviennen­t pas, lui, l’axial d’un 4-4-2 basé sur la contre-attaque. C’est drôle, car au départ, à la Real Sociedad, « Grizou » avait tout de l’ailier de poche espagnol : vif, léger, technique mais peu physique, joueur mais pas buteur. En signant à Madrid sous Diego Simeone, Griezmann a changé son jeu. Le voilà buteur, adepte des associatio­ns offensives, du jeu entre les lignes. Un changement qui a mis six mois à s’opérer. La faute au travail de fond permanent du coach argentin. Evoluer, ça demande du temps. Et des sacrifices. Griezmann s’est même enfoncé pendant plusieurs mois, comme il le racontait à RMC en décembre 2014 : « Simeone impose une rigueur, une discipline et une intensité énormes aux entraîneme­nts, il m’a complèteme­nt changé. Lors des six premiers mois du championna­t, j’ai eu des difficulté­s. J’essayais de tout assimiler, et en match, c’était compliqué. Mais j’ai travaillé dur, très dur…» Deux ans après son arrivée, le gaucher a déjà marqué 57 buts pour Madrid, lui qui en avait planté 53 en 5 ans à San Sebastian. La révolution est évidente. En mars dernier, en l’absence de Valbuena et Benzema, Deschamps décide de lui confier l’animation offensive contre les Pays-Bas et la Russie. C’est brillant. Epoustoufl­ant. Sauf que tout va changer… avec la prise de pouvoir de Dimitri Payet. Voilà Griezmann buteur plutôt qu’organisate­ur. Il touche moins de ballons, joue plus haut, lance moins le jeu et, forcément, brille moins. Eloigné des zones du terrain où les Bleus perdent le ballon, le Madrilène s’étiole un peu dans la récupérati­on et le pressing (domaines dans lesquels Simeone a fait de ses joueurs des phénomènes). Mais aussi dans la relance rapide, là où il excellait au printemps. Mais tout n’est pas à jeter dans ce nouveau Griezmann. Déjà, ses appels offrent à Payet et Pogba des solutions pour étirer le jeu. Et Didier Deschamps est surtout pragmatiqu­e. En faisant évoluer le gaucher plus haut, il met en évidence un postulat simple : placer le meilleur buteur français de la saison (33 buts) le plus près possible des cages adverses. Car, pour aller au bout de l’aventure, il faudra marquer. Grizou s’est d’ailleurs fait une promesse : « Je n’ai pas encore de tatouage lié au foot mais ça ne va pas tarder : dès que je gagnerai mon premier trophée, je me le ferai dessiner ». Rendez-vous le 10 juillet au soir ?

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(Photo AFP)

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