Nice-Matin (Menton)

En-cas de malheur

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Les femmes, c’est comme le foot : c’était mieux avant. Sous Kopa ou Platini, pas une épouse n’aurait laissé son homme partir au gagne-pain sans lui avoir préparé un casse-croûte. Ça s’est gâté sous Zidane, ça s’est perdu sous Griezmann. Les femmes ne savent plus faire le bien pour le mâle. Pauvre de nous condamnés à manger des cochonneri­es pendant 48 heures. Parce que notre problème le week-end, ce n’est pas le boulot, c’est ce qu’on va boulotter. La cafet’ est fermée et les restes qui ‘’comatent’’ dans le frigo du service sont tout verts. Y’a bien une machine au 1er étage, mais on dirait que les sandwichs sont fâchés. Faut voir la gueule qu’ils tirent. La dernière fois que j’ai eu l’audace d’en croquer un, j’ai été à deux doigts d’être dans le journal du lendemain : ‘’Etranglé par un triangle jambonfrom­age, il succombe sur son lieu de travail !’’. On prend des risques dans notre métier. Comme celui de se faire livrer des plats mexicains. Ça nous a passés. Heureuseme­nt, le tex-mex rend pas très sex. Et puis, vous avez déjà bossé avec un groupe de mariachis dans l’estomac ? On a aussi abandonné le Maghreb. A regrets. Pas à cause des pois chiches, mais parce que le couscous mettait cinq heures à arriver. A croire qu’il venait par Royal Air Maroc. Bref, on a arrêté l’exotisme. Maintenant, c’est salades ou pizzas. Et c’est celui qui est au bord du malaise qui commande. Un rituel. Faut le voir pour le croire. Certains comme Rom, Toine, Croux, Mat ou Tchoi ne changent pas une formule qui gagne quand d’autres comme Fab ou Will tentent des pizzas improbable­s où le poulpe se baigne dans la crème fraîche pendant que le chorizo s’accroche au reblochon. Une horreur ! Moi ? Je lis la carte pendant des plombes comme si j’étais chez Ducasse. Au cas où un Loup de Méditerran­ée au fenouil et agrumes se serait glissé dans le menu. Et je ne vous parle pas de Vince. Lui, c’est Périco Légasse. C’est pas dans Nice-Matin qu’il devrait écrire, mais dans le guide Michelin. La bouffe lui met des étoiles dans les yeux. En ce moment, il est aux anges. Il suit l’Euro et becte au restau. C’est pas notre cas. Hier, on a avalé trois matchs et bien plus d’en-cas de malheur. On remet ça aujourd’hui. Je vous l’ai dit : les femmes, c’est plus ce que c’était. Je peux balancer : les nôtres ne lisent pas nos papiers. Elles se contentent de surveiller nos lignes.

PHILIPPE CAMPS Les féministes en colère et les restaurate­urs emportés peuvent adresser leurs plaintes au rédac-chef : Denis. Les autres peuvent nous envoyer des colis.

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