AUTO « Une vision à long terme »
À 35 ans, Jérôme d’Ambrosio lâche le volant. Le Belge épaule désormais Susie Wolff aux manettes de l’écurie monégasque Venturi Racing. Rencontre avant le top départ de la saison 7
En , il figurait parmi les quatre derniers pionniers de la Formule E toujours en activité. Présent sur la grille de départ depuis la connexion initiale des monoplaces électriques, en , Jérôme d’Ambrosio a choisi de mettre un terme à sa carrière de pilote ponctuée notamment d’un bref passage en F. S’il vient de ranger le casque, le Bruxellois de ans, résident monégasque, reste « branché ». Le voilà directeur adjoint du team Venturi Racing. Au côté de la patronne, Susie Wolff, il met ainsi les doigts dans la prise du management. Avec quelles ambitions pour l’imminente saison et au-delà ? Contact !
Jérôme, vendredi prochain, à l’heure du premier départ sur le circuit de Diriyah, l’adrénaline du pilotage vous manquera un peu, beaucoup ou pas du tout ? Difficile à dire. Pour moi, ce sera en effet le premier ePrix sans tenir le volant depuis la création de la Formule E en . A Valence, en bord de piste, lors de la répétition générale (du novembre au décembre , ndlr), je n’ai pas eu de fourmis dans les semelles.
Sans doute parce que j’étais déjà concentré à
% sur ma nouvelle mission. Dans ce rôle qui est le mien aujourd’hui, il y a beaucoup de choses à faire. On s’implique différemment, mais de manière encore plus importante, je pense.
Donc, a priori, il en ira de même la semaine prochaine en Arabie saoudite. Aucun manque.
La décision de lâcher le volant à ans, elle a été mûrement réfléchie ? Oui, je me posais la question depuis quelques mois, déjà. Après les dernières courses enchaînées à Berlin, j’ai coupé le contact. Quatre semaines ‘‘off’’ avec mon épouse pour réfléchir à l’avenir. Les opportunités qui s’offraient à moi n’étaient pas synonymes de belles perspectives. Voilà pourquoi décision fut prise de tourner la page, début septembre. Je le sentais, l’heure d’entamer un nouveau chapitre venait de sonner. J’avais envie d’un autre challenge, toujours dans le domaine du sport automobile. La ‘‘compète’’ génère une telle intensité, vous savez. J’en ai besoin, je ne peux pas m’en passer.
Pourquoi Venturi ? Parce que vous êtes voisins ? C’est très pratique d’habiter juste à côté du siège, bien sûr, mais la raison se situe ailleurs. La première personne que j’ai appelée après avoir choisi de mettre un terme à ma carrière de pilote, c’est Susie (Wolff). On se connaissait déjà. On se parlait dans les paddocks. Je lui ai juste fait part de mon état d’esprit, de mon envie de tenter un défi différent, en Formule E de préférence. À mes yeux, l’entourage compte beaucoup. Personne ne peut progresser et réussir seul, aussi bon, aussi fort soit-on. Le travail d’équipe prime toujours. Susie a entendu mes arguments. Cette nomination avait du sens pour elle aussi. Comme elle passe pas mal de temps en Angleterre, le fait que j’habite à Monaco, que je puisse venir tous les jours au bureau, ça constitue un atout non négligeable, en effet.
Comment s’est déroulée votre intégration ces deuxtrois derniers mois ?
Super bien. Content de retrouver des personnes que j’avais déjà croisées. Ravi de faire connaissance avec les autres membres du team. Mon nouveau job comprend différents sujets. Certains que je maîtrise déjà, comme la relation technique avec les ingénieurs. D’autres que je dois assimiler. Le processus d’intégration n’est pas fini. Il va durer encore quelque temps. Aujourd’hui, demain, chaque jour, en échangeant avec les uns et les autres, j’apprends les ficelles du métier.
Y a-t-il une répartition des tâches entre Susie Wolff et son directeur adjoint ?
En premier lieu, Susie est la ‘‘Team Principal’’. Donc elle détient le pouvoir décisionnel. Moi, je suis son bras droit, comme on dit. Sur place, au siège, je m’occupe de la gestion au quotidien, je supervise les différentes activités. Et je la consulte pour tous les dossiers. Nous sommes en relation permanente, elle et moi. À Valence, lors du test collectif, quelles étaient les priorités chez Venturi ? Là-bas, il fallait surtout prendre la mesure du nouveau ‘‘power train’’ Mercedes (groupe motopropulseur). D’abord le découvrir, puis apprendre à l’exploiter correctement. De son côté, Norman (Nato), en tant que rookie, devait se familiariser en piste avec toutes ces procédures assez complexes. Pour les ingénieurs et les mécanos, il s’agissait aussi de retrouver les automatismes propres au week-end de course. Tout le programme de travail planifié a été accompli. Maintenant, à nous de transformer l’essai le mieux possible. Rendez-vous à Diriyah !
Peut-on dire que le nouveau groupe motopropulseur Mercedes marque une évolution importante ?
Oui. On pense qu’ils ont fait un pas dans le bon sens. Venturi possédait une voiture performante lors de la saison . Celle-ci l’est encore plus. Mais que vautelle par rapport à ses rivales ? Impossible de répondre. Nous devons attendre le verdict des deux premières courses saoudiennes pour le savoir.
Edoardo Mortara et Norman Nato formentils un duo homogène ? Sans aucun doute, oui.
Leur point commun, c’est la vitesse, car ce sont deux pilotes très rapides. ‘‘Edo’’ a gagné en Formule E. Il connaît la course automobile sur le bout des doigts. Énorme expérience. Norman, lui, il apporte la hargne du nouveau titulaire qui veut faire sa place dans le championnat. Il ne rechigne pas à la tâche. Son nombre d’heures empilées au simulateur depuis le démontre. L’un et l’autre sont de vrais pros.
Ils s’entendent bien. Binôme prometteur, donc...
Venturi s’est classé sur au championnat teams . Une saison réussie, ça pourrait ressembler à quoi d’après vous ?
Pilote, je n’aimais pas fixer des objectifs. Là, c’est pareil ! (Rires) On a une vision à long terme, alors il faut progresser chaque année. Venturi doit se battre contre une concurrence féroce, contre plusieurs grands constructeurs qui font parler leur force de frappe. Se rapprocher des avantpostes, des podiums, marquer des points régulièrement, cela me paraît une ambition raisonnable. Il y a moyen
TRAJECTOIRE
Jérôme d’Ambrosio
Né le 27 décembre 1985 à Etterbeek (BEL). 35 ans. Marié. Résident monégasque depuis 2015.
2000 : vainqueur de la Monaco Kart Cup (catégorie Junior).
2003 : champion de Belgique Formule Renault 1600.
2007 : champion Formula International Master.
2008-2010 : GP2 Series (1 victoire à Monaco en 2010 devant Giedo Van der Garde et Jules Bianchi, ci-dessous).
Dans le paddock FE avec un certain Felipe Massa, pilote Venturi.
(Photo FIA Formule E)
d’abandonner cette e place, d’aller plus haut. Pourquoi pas le top ?
Cette année, il y aura un virage à domicile.
Si on connaît la date de l’ePrix de Monaco ( mai), son tracé reste à valider. Si vous aviez le choix, ce serait lequel ? Personnellement, je pense que la Formule E actuelle, plus puissante, peut faire le saut et rouler désormais sur le circuit F.
N’ayons pas peur des comparaisons, allons-y ! Cette piste offrirait plus de dépassements que le tourniquet du port emprunté lors des trois éditions précédentes.
Avec ma casquette d’expilote, j’opterais pour le changement, oui.
Mais même si le statu quo prévaut, il y aura du spectacle à Monaco. Comme en .
Il y a moyen d’aller plus haut. Pourquoi pasletop?”
PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON
Montagne
Par points
Jeunes