« J’agitais fièrement mon drapeau monégasque »
Jacques Boisson avait 22 ans à l’époque, il étudiait le droit à la Faculté de droit et des Sciences économiques d’Aixen-Provence.
« Ce blocus me choquait profondément car il était fondamentalement contraire aux principes fondamentaux du droit international que j’étudiais avec conviction, explique le Monégasque. Je me souviens qu’en arrivant en voiture d’Aix-en-Provence, je fus arrêté à Cap-d’Ail, juste avant la frontière, par des douaniers français qui me posèrent des questions sur ma provenance et mes raisons de venir à Monaco. Je fus autorisé, après un temps qui me parut interminable, à rentrer chez moi.
Je ressortis aussitôt un drapeau monégasque à la main pour aller me poster à cette même frontière de Cap-d’Ail, côté monégasque. Là, j’agitais fièrement mon drapeau, face aux policiers et douaniers français interloqués. Nous avons été plusieurs, y compris des enfants français du pays, à narguer les forces françaises tous les jours aux différentes frontières. Nous en conservons un souvenir amusé de combattants pacifiques, sincèrement animés de l’amour du pays. La presse de l’époque s’était d’ailleurs très rapidement mise à railler l’attitude française et à déplorer le chantage dont notre petit et bien inoffensif pays était l’objet. »
Avant de faire carrière à la Sûreté publique de Monaco, Claude Gastaud était agent des douanes en France, basé au pont Saint-Louis, à la frontière entre Menton et l’Italie. Au moment du blocus de la Principauté, il avait été envoyé un soir participer aux contrôles du côté de la frontière avec Cap-d’Ail. « Nous devions contrôler tous les véhicules monégasques qui sortaient de Monaco et leur demander s’ils avaient quelque chose à déclarer. Personnellement, je ne demandais même pas les papiers », précise le Mentonnais, qui ajoute : « C’était surtout pour enquiquiner les Monégasques mais on ne prenait pas ça au sérieux. Mais je suivais les ordres.
Il n’y a jamais eu d’incident. Les gens qui se faisaient arrêter prenaient aussi ça à la rigolade, même s’il y avait quelques grincheux. »