Nenad Bjekovic était-il hors-jeu ?
“On avait en travers de la gorge la défaite de Nice à Nantes lors de la dernière journée de D (-). Contre notre adversaire direct, et pendant qu’on s’emmerde pour battre Bastia -, Nice lâche le match. Ça a failli nous empêcher d’être champions. On n’avait aucune sympathie pour eux.”
Rolland Courbis, défenseur de l’AS Monaco
club princier, l’ex-international évoque une décompression après le titre de champion. « Nice en voulait peut-être plus que nous. On avait fait une belle fête, sans rester focalisés sur nos objectifs. Les anciens attendaient le titre depuis tellement longtemps. »
Rolland Courbis nuance. « Ce n’est pas seulement ça, confie l’ex-défenseur du Rocher. Nice avait fini le championnat tranquille quand nous étions dans un sprint en gagnant nos cinq derniers matchs. Il y a eu de la fatigue nerveuse. »
Côté niçois, le bonheur était immense. « C’était fort, relate Sanchez. La satisfaction, ce n’était pas d’avoir battu Monaco mais d’aller en finale. Nous étions favoris contre Nancy. »
Favoris mais défaits, piégés par Platini et sa classe.
CHRISTOPHER ROUX
Un fait de jeu a marqué cette double confrontation du printemps : l’égalisation de Nenad Bjekovic au retour.
Alors que Raul Noguès avait ouvert le score, était-elle valable ? Lancé côté droit sur la pelouse du Louis-II, le Serbe concluait de l’extérieur du pied et faisait crier les Asémistes au scandale, persuadés que
« Bjeko » demeurait hors-jeu.
« On s’était précipités sur l’arbitre de touche, Dalger et moi, se souvenait le capitaine monégasque Jean Petit, en dans le magazine So Foot. On n’était pas loin de dégoupiller alors que, de toute ma carrière, je n’ai pris qu’un seul carton jaune. Les nerfs de toute une saison, ils nous enlèvent la finale… »
« Si ce but n’est pas accordé, on ne sait pas comment ça aurait pu se finir. On était en colère », se remémore son gardien Jean-Luc Ettori, quand le camp d’en face a la mémoire trouble. « Je ne m’en souviens même pas. Ça fait partie des péripéties d’un match. C’était un autre temps, un autre football », juge l’ailier Daniel Sanchez.
« Il n’y avait pas la VAR à l’époque et, à l’oeil nu, je ne me suis pas dit qu’on avait marqué un but hors-jeu », renchérit le milieu niçois Roger Jouve. Sanchez considère que le débat n’aurait jamais dû exister. « On avait dominé à l’aller, eu deuxtrois occasions franches. On gagne - mais on aurait mérité de le faire plus largement. »
S’il ne portait pas les Niçois dans son coeur à l’époque, le latéral Rolland Courbis baigne dans la philosophie. Il sait que trancher est impossible. « A Monaco, on gardera le souvenir d’un but hors-jeu et à Nice d’un but valable. Hors-jeu ou pas, c’est le but de la qualification. Tout ce que je peux dire, c’est qu’en finale, on était pour Nancy. » C. R.
Au retour, le Niçois égalise et envoie les siens en finale. Un but contesté à l’époque.
(Photo archives N.-M.)