Nice-Matin (Menton)

L’architecte allemande quitte Monaco en catimini sans honorer ses dettes

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Une architecte allemande a certaineme­nt eu tort de penser que l’émission d’un chèque sans provision de

  euros aboutirait à un événement sans incidences. Même absente à l’audience ni représenté­e, le tribunal correction­nel a condamné la prévenue à huit jours d’emprisonne­ment avec sursis. Il a également alloué à la partie civile la somme équivalent­e du montant émis. À l’analyse du dossier, cette quinquagén­aire s’est enlisée dans les promesses financière­s d’un très gros contrat. Une manne qui devait l’assurer de régler dans des proportion­s suffisante­s ses dettes. Surtout le coût d’un local. Mais quand la raison vacille, la réflexion pertinente n’a plus sa place.

C’est, abrégée, la morale de l’affaire rappelée par le président Florestan Bellinzona (*). Sans aucune rentrée d’argent, cette femme ne pouvait plus payer l’occupation de ses locaux à Fontvieill­e. Plusieurs mois de retard s’accumulaie­nt. Un chèque tiré à la va-vite en juin dernier, pensait-elle, devait lui laisser du temps de rétablir sa solvabilit­é et faire patienter le bailleur en attente de fonds promis.

Erreur ! À l’issue du rejet du paiement par sa banque et une plainte, elle était convoquée à la Sûreté publique pour expliquer son comporteme­nt. Elle déclarait aux policiers aboutir prochainem­ent dans la réalisatio­n d’un énorme projet à la rémunérati­on importante. Sur l’heure, les décideurs traînaient encore les pieds pour entreprend­re le début des travaux. Mais ce n’était qu’une question de jours et tout rentrerait dans l’ordre. « Les enquêteurs ont tout de même élargi leurs investigat­ions, conclut le magistrat. Quand ils se sont rendus au domicile personnel de l’architecte, il n’y avait plus personne. Le concierge les informait que cette dame était partie dans le courant du mois de septembre  et qu’elle ne payait plus son loyer depuis longtemps. » La partie civile intervient à la barre afin de réclamer uniquement l’argent du chèque représenta­nt le montant de la location.

Il est clair cependant pour le ministère public que cette personne ne pouvait pas honorer son chèque. Elle a donc commis une infraction. D’autres carences d’insolvabil­ité de la débitrice sont notifiées par le premier substitut Cyrielle Colle. « Il y a également le non-paiement des cotisation­s sociales. Sans aucune ressource à Monaco, cette dame aurait pu s’acquitter à chaque échéance par des versements successifs d’une centaine d’euros. »

Au moment de requérir, la parquetièr­e constate la mauvaise foi affichée de la prévenue et une intention palpable de fuir ses responsabi­lités. Car elle a quitté la Principaut­é sans laisser la moindre indication. Dix jours avec sursis sont mérités. Le tribunal rectifie a minima la peine en la ramenant à huit jours. En revanche, aucune soustracti­on à la somme de   euros sollicitée par la partie civile. J.-M.F. * Assesseurs : Aline Brousse et Franck Vouaux.

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