Crée la controverse
Baptiste est maître-nageur. Il n’a que 46 ans mais il l’avoue : « Oui, j’aimerais bien me faire vacciner. » Ce Niçois qui travaille à Monaco, dans un hôtel, avance des raisons professionnelles. « Dans le cadre de mon métier, je peux être amené à intervenir sur un secours à personne. Or, l’an passé, lors du stage de renouvellement de mon brevet de secouriste, le médecin qui nous a fait la formation, nous a clairement dit de ne pas intervenir en cas de suspicion Covid. Qu’est-ce qu’on doit faire alors ? Laisser les gens se noyer ? »
Cet Azuréen estime qu’il devrait faire partie des professions exposées au risque, « au même titre que les pompiers ou les infirmiers ».
Baptiste invoque aussi un argument économique : «Il serait temps d’ouvrir la vaccination au plus grand nombre parce qu’on ne va pas pouvoir financer éternellement le chômage partiel. Je veux bien entendre que se pose le problème de la gestion des doses, mais il y a aussi des gens qui veulent juste travailler. »
Le maître nageur avoue s’inquiéter pour sa propre « saison ». Il n’aimerait pas attraper le virus pile au moment où enfin l’activité pourra reprendre et se « retrouver en arrêt maladie ». Enfin, il le reconnaît aussi, il aimerait surtout reprendre « une vie normale : sortir, voyager, faire la fête… ».
Fonds de fioles bonnes âmes et erreurs de case
Comme Baptiste, ils sont nombreux à se porter candidat à la petite piqûre libératoire. Certains y ont eu droit. C’est le cas de Monica, 31 ans à peine. Il faut dire que cette jeune Azuréenne souffre d’une maladie chronique. Elle entre donc dans les critères. Ce n’est pas le cas de Christophe, bien qu’il soit légèrement plus âgé. «J’ai55anset aucune comorbidité », reconnaît-il d’emblée. Ce Niçois s’est pourtant fait vacciner hier en fin de journée. «Mon médecin m’a appelé. Je lui (Photo François Vignola)
avais demandé de penser à moi s’il lui restait une dose », explique le fringant quinqua satisfait de recevoir ainsi son élixir d’immunité même si une question le chagrine tout de même : «Jenesaispas,du coup, si je pourrai faire mon sport demain. » Christophe avale « entre 60 et 100 bornes à vélo chaque samedi ». Comme lui, quelques patients « hors cadre » ont réussi à se faufiler en profitant des fonds de fiole que personne ne veut gâcher.
«Mais il n’y a pas que ça», assure un élu du département. Sous couvert de l’anonymat, ce sexagénaire affirme qu’avant même que le vaccinodrome de son secteur n’ait commencé ses offices, il y a déjà plusieurs semaines, « une bonne âme » est venue lui proposer de se faire vacciner : « Un peu effaré, j’ai juste rétorqué à cette personne que je ne souffrais d’aucune comorbidité », raconte l’élu qui déplore que de telles pratiques puissent avoir cours même si « c’est tellement humain ».
Le docteur Arnau, médecin généraliste à Roquefort-lesPins, lui-même se demande si certains centres n’ont pas « un peu lâché les chevaux » [lire par ailleurs]. Le praticien rappelle d’ailleurs que la première étape du processus de vaccination est censée être « l’établissement d’un certificat d’éligibilité par le médecin traitant ». Car, pour contourner le système, il suffirait parfois de cocher la bonne case dans le questionnaire de prise de rendez-vous. « Ma femme qui pèse 56 kg mouillée a écrit qu’elle était obèse. Bien sûr, personne ne pouvait y croire… Mais comme elle était là, elle a quand même eu sa dose… » Ces exemples d’infractions aux règles de priorisation restent sans doute marginaux. Ce qui l’est moins sans doute c’est l’aspiration du plus grand nombre à se faire piquer. Et dire que les Français passent pour des vaccinosceptiques.
ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr
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(Photo Clément Tiberghien)
selon les centres de vaccination.
Si vous préférez bénéficier du vaccin développé par AstraZeneca, il vous faudra donc appeler ou vous rendre « chez un pharmacien ou un médecin de ville (médecin généraliste, médecin spécialiste, ou médecin du travail) », explique la Direction générale de la santé (DGS).
Sachez aussi que des « dispositifs locaux » sont également « mis à disposition pour aider à la prise de rendez-vous », précise aussi la DGS.
Enfin, si vous rencontrez des difficultés dans vos démarches, le gouverment a mis en place un numéro Vert national (le 0 800 009 110) qui vous aidera à prendre rendezvous.