L’avenir turc incertain de l’ancien porte-avions Foch
Vendu à la Turquie pour y être démantelé, l’ancien porte-avions Foch pourrait finalement continuer de naviguer. Un ancien amiral turc propose d’utiliser le navire pour former des marins.
Promis à la démolition sur la côte turque, plus précisément dans les environs d’Izmir, après que la marine brésilienne l’eut vendu pour 1,5 million d’euros à la société Sök Denizcilik [lire nos éditions du lundi 22 mars 2021] ,le Sao Paulo (ex-porteavions Foch) pourrait jouer les prolongations.
Pas d’avion adapté
Cet hypothétique changement de programme est né des déclarations de l’amiral turc Mustafa Cihat Yayci. Dans une double interview accordée les 24 et 26 mars derniers à la chaîne de télévision en ligne VeryansinTV, l’ancien chef d’état-major de la marine turque a, en effet, proposé de renoncer au démantèlement du Sao Paulo et de l’utiliser au profit des forces navales, notamment pour la formation les équipages de futurs porte-avions turcs (1).
Directeur académique de la Fondation (Photo doc Var-matin)
Quand bien même, les F35, de par leur poids, ne sont pas adaptés à l’ex-Foch ». Pour Pierre Razoux, qui rappelle que « des amiraux turcs ont été arrêtés en début de semaine pour avoir critiqué le canal d’Istanbul, projet pharaonique porté par le président Erdogan », les déclarations de l’amiral Cihat Yayci, qui, en souhaitant que la marine turque se dote d’un porte-avions, flatte le concept de Patrie bleue, serait « un signe d’allégeance, de bonne volonté au président turc ».
Aide technique du Royaume-Uni
Autre experte en géopolitique, spécialiste des mondes russe et turc, Ana Pouvreau est moins catégorique. Par ces nouvelles déclarations, l’amiral Cihat Yayci persiste et signe. Et de rappeler qu’en août 2020, « à la suite de la montée des tensions entre la Turquie et la Grèce, l’ancien chef d’état-major de la marine turque avait souligné l’importance pour la Turquie de disposer de porteavions afin de projeter sa puissance ».
Pour démontrer la volonté de la Turquie de se doter d’une force aéronavale, Ana Pouvreau ajoute que « tout au long de l’année 2020, les autorités turques ont mené des négociations avec le Royaume-Uni en vue de l’acquisition d’un porte-avions de classe Queen Elizabeth ou de classe Invincible ».
Si l’affaire ne s’est pas faite, le Royaume-Uni a tout de même proposé à la Turquie de lui apporter « une aide technique pour construire son propre porteavions ».
Une preuve supplémentaire des envies de grandeur d’Erdogan qui, encore plus à l’approche du centenaire de la République de Turquie en 2023, rêve d’avoir « une marine à vocation globale ».
P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com
1. Les ambassades du Brésil et de Turquie à Paris ont été sollicitées, mercredi 7 avril, à ce sujet, mais n’ont pas été en mesure de commenter ces déclarations dans les délais.