La gauche en désordre de bataille
Pour espérer peser dans le scrutin, la gauche doit être unie. Or, malgré des tentatives pour rééditer l’exploit du « Printemps marseillais », les négociations paraissent dans l’impasse.
On devrait être en train de se préparer à la bataille. Là, c’est plutôt une course aux nains de jardin. » Marina Mesure soupire. La co-cheffe de file aux régionales de La France insoumise (LFI) euphémise : « Le paysage est assez compliqué. Pourtant, c’était bien parti… »
Le 22 janvier dernier, les forces de gauche se réunissent pour organiser le rassemblement. Pour les participants, issus des partis et de la société civile, un seul objectif : éviter la débâcle de 2015 (1).
« L’idée, c’était de refaire un Printemps marseillais à l’échelle de la Région Sud, témoigne l’Insoumise. Cela impliquait de faire une liste d’union avant le premier tour. »
Un appel, intitulé «Il est temps», est lancé. Quelque 2 000 personnes le signent, dont de nombreuses personnalités issues des formations de gauche – de LFI au PS. Olivier Dubuquoy, désigné chef de file EELV (Europe Écologie-Les Verts) en octobre 2020, pose également son paraphe… ce qui lui vaut une suspension immédiate de son mouvement.
« Pas question de vendre notre âme au Diable »
Les écologistes voudraient-ils faire cavalier seul ? Le 30 mars, ça se confirme. Le « Pôle écologiste »
(2) désigne sa tête de liste : Jean-Laurent Félizia. « Dès l’automne, notre stratégie était d’unifier les mouvements écologistes, plaide l’entrepreneur varois de 52 ans. Une fois cette étape franchie, nous étions prêts à ouvrir le dialogue avec les autres forces de gauche. Bien sûr, nous aussi, nous sommes pour l’union ! » L‘union, oui… mais avec ceux qui se rallieront à son panache vert. « Notre condition est d’avoir une et Dominique Leriche)
que le projet écologique doit être au coeur du programme. »
Des propos qui agacent Olivia Fortin. Le 8 avril, cette figure de proue du Printemps marseillais, 5e adjointe au maire de la cité phocéenne, a officialisé sa « candidature à la candidature » pour mener une liste d’union « au service d’un projet de gauche et d’écologie ». « Mais ça ne veut pas dire que c’est moi ou le chaos, grince-t-elle. Si un nom s’impose, et que ce n’est pas le mien, peu importe ! Ce qui compte, c’est de partir ensemble. »
« Un coup de fouet »
L’élue issue de la société civile cite un sondage Ifop, commandé par le PS et publié mercredi dans Le Point : « Séparément, aucune liste de gauche ne dépasse 15 %. Seuls, les écologistes plafonnent à 7 % ! Alors qu’une liste unique est créditée de 23 % d’intentions de vote – pas si loin des 27 ou 28 % de la liste LR. Je suis persuadée qu’il y a une possibilité de victoire si tout le monde travaille de concert. »
Une hypothèse qui, dans les faits, semble de plus en plus improbable. Même si Jean-Laurent Félizia jure désormais qu’il ne fera « aucune alliance avec LREM ». Et même si, selon Marina Mesure, « la confirmation que l’élection se tiendra en juin a mis un coup de fouet à tout le monde. »
Face aux querelles d’ego et aux conflits d’appareils, pas sûr que ce soit suffisant.
LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr 1. La liste PS menée par Christophe Castaner, qualifiée pour le second tour avec 16,6 % des voix, s’est retirée pour permettre à Christian Estrosi (LR) de battre Marion Maréchal-Le Pen. 2.RegroupantEELV,Capécologie,Générationécologie et le Mouvement des progressistes.