Basilique de Nice : le terroriste a-t-il « perdu la mémoire » ?
Amnésie réelle ou simulée ? Un psychiatre et un neurologue missionnés par la justice ont six mois pour se prononcer.
Pour la première fois depuis l’attentat à la basilique Notre-Dame de l’Assomption à Nice, Brahim Aouissaoui, le principal suspect, a été interrogé par le juge d’instruction le 6 avril. Selon les informations de Franceinfo, face au magistrat, il a affirmé « ne pas se souvenir des événements survenus en France, ni de son passage de plus d’un mois en Italie, ni même à quelques détails près de son passé en Tunisie ».
Toujours pris en charge à l’hôpital
Âgé de 22 ans, l’homme est suspecté d’avoir tué trois personnes le 29 octobre 2020 à Nice : Nadine Devillers, âgée de 60 ans et le sacristain de la basilique, Vincent Loquès, 55 ans. Une mère de famille brésilienne de 44 ans, Simone Barreto Silva, était parvenue à sortir de l’édifice, mais, poignardée à plusieurs reprises, elle est morte dans un restaurant où elle s’était réfugiée. Le jeune (Photo archives Sébastien Botella)
homme a été mis en examen le 7 décembre 2020 pour « assassinats et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ». Gravement blessé lors de son interpellation, Brahim Aouissaoui est toujours pris en charge à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes.
Il avait été touché à de multiples reprises par les tirs des policiers municipaux, notamment au thorax, à l’abdomen et aux jambes. Aujourd’hui, il remarche avec
difficulté. Une première expertise médicale consultée par Franceinfo a conclu, en février dernier : «Iln’yapas de blessure ou de traitement susceptibles d’entraîner des pertes de mémoire à court et moyen terme. Les pertes de mémoire alléguées pourraient éventuellement s’intégrer dans un syndrome de stress post-traumatique, mais qui ne peut être objectivé que par un examen psychiatrique. Une participation à type de simulation ne peut être exclue. »
Le juge d’instruction a donc décidé de missionner un psychiatre et un neurologue. Ils ont six mois pour déterminer si cette amnésie est réelle ou simulée. Contacté par Franceinfo, son avocat n’a pas souhaité faire de commentaires.
Repérages autour de la basilique
Le 28 octobre, veille de l’attentat, Brahim Aouissaoui a effectué quatre passages autour de la basilique
Des repérages, selon les enquêteurs. L’exploitation de ses téléphones a permis de découvrir des échanges avec plusieurs de ses contacts. Il y explique notamment avoir « un projet » et espère que « Dieu le facilite » sans donner plus de précisions. À l’un de ses correspondants, sur les réseaux sociaux, il annonce qu’il va se rendre en « France, le pays des mécréants et des chiens ». STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr